Même si elles ont cru jusqu’à la dernière minute, dimanche, pouvoir éviter de débrayer, les 10 000 responsables de services de garde en milieu familial syndiquées à la CSQ ont amorcé lundi matin leur grève générale et illimitée.

Et elles ont marqué le début de cette grève illimitée en se rendant manifester devant les bureaux du ministère de la Famille à Montréal, masque au visage, pancarte à la main et parfois une cape sur le dos.

Avant cette grève générale et illimitée, elles avaient tenu une grève tournante, du 1er au 18 septembre, touchant tour à tour les régions du Québec.

La convention collective est échue depuis mars 2019. Les parties ont tenu une quarantaine de rencontres de négociations depuis. Les négociations étaient au ralenti depuis la fin de juin, avant de s’intensifier au cours des derniers jours.

En fin de semaine dernière, le gouvernement du Québec et la Fédération des intervenantes en petite enfance, affiliée à la CSQ, ont réussi à s’entendre sur toutes les clauses, sauf sur la rémunération, a expliqué la présidente de la FIPEQ, Valérie Grenon, en rencontrant la presse lors de la manifestation.

Médiation vs arbitrage

Québec a proposé la médiation ; la FIPEQ a refusé. La FIPEQ a proposé l’arbitrage ; Québec a refusé.

La différence entre les deux est que la médiation est une forme d’aide, par un tiers, pour permettre aux parties de se rapprocher, de faire des compromis. Alors que l’arbitrage suppose que les parties laissent à un arbitre indépendant le soin de trancher.

Le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, a tenté de justifier son offre de médiation pour tenter de dénouer l’impasse.

« La situation actuelle est déjà une source de stress pour plusieurs familles. Tous les efforts doivent être faits à la table de négociation pour qu’on en arrive à une entente. Avec l’offre présentée, nous avons clairement démontré que nous sommes déterminés à conclure une entente réaliste qui rend justice au travail important des RSG (responsables de services de garde) », a-t-il fait valoir.

« Trop peu trop tard pour la médiation. Il nous reste une chose à régler. Et là, ça fait juste étirer la sauce et retarder la vraie reconnaissance que les responsables en milieu familial méritent depuis des années », a lancé Mme Grenon.

Mme Grenon a néanmoins assuré que la FIPEQ participerait activement à cette médiation.

Rémunération

Les responsables de services de garde en milieu familial ne sont pas rémunérées à l’heure ; elles touchent une subvention du ministère de la Famille pour dispenser le service depuis leur domicile.

Cette subvention est d’environ 43 400 $, à laquelle il faut ajouter les contributions parentales de 8,35 $ par jour par enfant, desquelles elles touchent 7 $ par jour par enfant. Au total, elles reçoivent donc 53 270 $ si elles accueillent six enfants — le maximum permis.

Le litige entre les parties prend sa source dans la façon de calculer la rémunération à partir de cette subvention, en tenant compte du nombre d’heures de travail réellement effectuées et des dépenses qui sont déductibles au plan fiscal (hypothèque, chauffage, électricité, selon l’espace occupé par le service de garde dans le domicile).

À partir de ces données, la FIPEQ estime que ses membres gagnent 12,42 $ l’heure, soit « moins que le salaire minimum », soutient Mme Grenon. La FIPEQ revendique 16,75 $ l’heure pour ses membres.

Le ministère fait valoir que son offre est raisonnable, puisqu’elles travaillent depuis leur domicile et qu’elles peuvent déduire plusieurs dépenses.

À l’appui de sa fédération, la Centrale des syndicats du Québec a dénoncé l’attitude gouvernementale, y voyant « une guerre idéologique contre l’amélioration de la situation économique des femmes ». En refusant de leur donner plus que 12,83 $ l’heure (sa dernière offre, selon l’organisation syndicale), Québec « empêche les femmes de participer activement à la relance économique », affirme la centrale dans un communiqué.