(Ottawa) Le Canada et certains de ses plus proches alliés ont lancé un exercice naval de trois semaines dans l’Arctique qui vise à envoyer un message d’unité contre des adversaires potentiels dans le Nord, tout en s’assurant de ne pas propager la COVID-19 aux communautés locales.

L’exercice d’entraînement connu sous le nom d’opération Nanook est un pilier des Forces armées canadiennes depuis 2007, mais c’est la première année que les États-Unis, la France et le Danemark y participeront également.

Des officiers de la marine canadienne et américaine ont déclaré aux journalistes lors d’un exposé, mardi, que la participation de ces autres pays reflétait l’importance de la coopération entre les alliés en ce qui concerne les opérations militaires dans une partie de plus en plus importante du monde.

Les pays occidentaux ainsi que leurs adversaires potentiels tels que la Russie et la Chine ont progressivement étendu leur empreinte et leurs activités militaires dans la région, car le changement climatique facilite l’accès et les opérations, ce qui suscite des inquiétudes quant à la menace d’un conflit.

« Le message est que l’Arctique a une importance stratégique, il devient de plus en plus important et c’est important pour notre sécurité nationale collective », a déclaré le vice-amiral Steven Poulin, commandant de la zone atlantique de la Garde côtière américaine.

« Et je pense que la participation est le reflet d’un engagement mutuel des partenaires et des nations alliées à partager des objectifs à cette fin. »

Pourtant, l’opération Nanook cette année est moins ambitieuse que les exercices des années précédentes, qui incluaient du personnel et de l’équipement de toutes les forces armées canadiennes, en particulier des Rangers canadiens, ainsi que d’autres ministères fédéraux.

Pas d’opérations terrestres

Le contre-amiral Brian Santarpia, commandant des Forces maritimes de l’Atlantique de la Marine royale canadienne, a déclaré que l’exercice de cette année n’inclura pas de présence militaire terrestre et se concentrera presque exclusivement sur les opérations navales en raison des préoccupations concernant la propagation de la COVID-19.

« Nous avons décidé de ne pas mener cette année une grande partie de Nanook parce que nous ne voulions pas être un vecteur dans nos propres populations éloignées, qui sont assez protégées de la COVID simplement par le fait qu’elles sont éloignées », a expliqué M. Santarpia.

Les trois navires de la marine canadienne et les quatre navires étrangers participants ne feront aucune escale dans le Grand Nord canadien. Leur seule escale sera à Nuuk, au Groenland, pour faire le plein. Les marins ne seront pas autorisés à quitter leurs navires.

Les trois territoires du Canada ont été largement épargnés par la COVID-19, avec seulement une poignée de cas positifs signalés.

Les navires de guerre canadiens et alliés concentreront la plupart de leurs activités dans le détroit de Davis, entre l’île de Baffin et le Groenland, qui est considéré comme faisant partie du passage du Nord-Ouest.

Le Canada et les États-Unis sont en désaccord depuis des décennies sur l’enjeu de savoir si le passage est situé dans les eaux canadiennes ou internationales, une question que MM. Santarpia, Poulin et le vice-amiral Andrew Lewis, commandant de la 2e flotte américaine, ont soigneusement évité d’aborder mardi.

« C’est une question complexe qui implique plus d’avocats que d’officiers de marine et elle a beaucoup à voir avec les interprétations du droit international », a affirmé le contre-amiral Santarpia.

« Cet exercice est vraiment conçu pour nous permettre de mieux travailler ensemble que nous ne le faisons déjà, et nous laisserons les avocats se soucier du reste », a-t-il ajouté.