(Ottawa) Le Sénat a annoncé la nomination d’un tiers pour déterminer une compensation financière appropriée pour les présumées victimes de harcèlement de l’ancien sénateur Don Meredith.

C’est l’ancienne juge de la Cour d’appel du Québec, Louise Otis, qui aura la délicate tâche de déterminer le montant à donner aux anciens employés de M. Meredith. Elle commencera ses travaux cet été et devrait terminer ses évaluations cet automne.

Mme Otis aura pour seul document à sa disposition le rapport du conseiller sénatorial en éthique, publié il y a plus d’un an, pour prendre sa décision.

Pierre Legault en était arrivé à la conclusion, dans son document de 59 pages, que M. Meredith entretenait un « environnement de travail empoisonné » et qu’il s’était livré à du harcèlement, parfois de nature sexuelle, avec d’ex-employés.

Conformément à la décision du Comité permanent de la régie interne, des budgets et de l’administration (CIBA) du Sénat, Mme Otis considérera tous les faits reprochés dans le rapport de M. Legault « comme étant véridiques et prouvés » selon un communiqué de presse publié mardi.

« Les employés (ayant travaillé pour Don Meredith) auront aussi la possibilité de présenter des informations supplémentaires s’ils le souhaitent », précise-t-on dans ce même communiqué.

Or, il n’est pas garanti que les présumées victimes coopèrent au processus.

PHOTO COLIN PERKEL, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

L’ancien sénateur Don Meredith entretenait un « environnement de travail empoisonné » et s’était livré à du harcèlement, parfois de nature sexuelle, avec d’ex-employés, selon le rapport du conseiller sénatorial en éthique.

En entrevue avec La Presse Canadienne, l’avocat Brian Mitchell – qui représente deux ex-employées – a dit qu’il veut s’assurer que Mme Otis ne se penche pas que sur les actes commis par M. Meredith, mais aussi sur la responsabilité du Sénat qui aurait fait traîner le dossier en longueur.

Les faits reprochés à l’ancien sénateur Meredith remontent à aussi loin que 2013. Ils n’ont jamais été prouvés devant les tribunaux, mais ont déjà fait l’objet de deux rapports.

Le premier, réalisé par une firme externe et remis en juillet 2015, est considéré plus complet selon nos informations et n’a pas encore été remis aux victimes. Mme Otis ne pourra pas utiliser ce rapport pour déterminer la compensation financière à remettre aux présumées victimes.

Le deuxième est celui du conseiller sénatorial en éthique qui a été rendu public le 28 juin 2019 et présentait des témoignages crédibles et fiables. C’est ce rapport-là qui servira de base pour la décision de Mme Otis d’ici quelques mois.

Mme Otis agit également à titre d’évaluatrice dans le cadre d’une action collective intentée contre la Gendarmerie royale du Canada par des femmes qui ont été harcelées et victimes de discrimination entre 1974 et 2019.