(Ottawa) Les familles des Canadiens tués dans l’écrasement d’un avion civil ukrainien abattu par l’armée iranienne en janvier dernier rencontreront la semaine prochaine le ministre canadien des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, et ils ont bien l’intention d’accentuer les pressions sur Ottawa pour qu’il demande des comptes à Téhéran.

Les représentants des victimes du vol PS752 des lignes aériennes Ukraine International expriment depuis des mois leur frustration devant la lenteur des progrès dans ce dossier. Ils ont créé mardi un nouveau groupe visant à se souvenir de ceux qui ont été tués le 8 janvier — et à réclamer justice.

Cinquante-cinq Canadiens et 30 résidents permanents du Canada faisaient partie des 176 personnes tuées lorsque le vol PS752 a été abattu par des tirs de l’armée iranienne peu après son décollage de Téhéran.

Les familles des victimes devraient rencontrer M. Champagne la semaine prochaine. Ceux qui lancent maintenant l’Association des familles des victimes du vol PS752 entendent lui demander une feuille de route précise et un échéancier détaillé pour exiger des comptes au régime iranien.

Lors de son point de presse quotidien, mardi à Ottawa, Justin Trudeau a déclaré qu’il avait soulevé la question lundi lors d’un entretien avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. « Nous allons continuer à faire pression sur le régime iranien aux côtés de nos partenaires internationaux pour obtenir des réponses, obtenir justice, obtenir des compensations pour les familles, a ajouté le premier ministre Trudeau. Nous nous sommes engagés à le faire et nous continuerons. »

La Cour internationale de justice ?

Hamed Esmaeilion, un dentiste de la région de Toronto dont l’épouse Parisa et leur fille Reera, âgée de neuf ans, étaient passagères du vol PS752, est depuis devenu un porte-parole des familles des victimes. M. Esmaeilion et d’autres membres de la nouvelle association ont exigé mardi que l’Iran autorise une équipe d’enquêteurs des pays touchés par l’écrasement afin que les responsables puissent être traduits en justice.

« Si l’Iran ne coopère pas à cette enquête et à ces poursuites, cela doit être porté devant la Cour internationale de justice », a estimé mardi Javad Soleimani, doctorant à Edmonton, dont l’épouse Elnaz Nabiy était à bord du vol PS752.

Le Canada presse maintenant l’Iran de remettre les boîtes noires à la France. Les Iraniens avaient initialement promis d’envoyer les enregistreurs en Ukraine à la mi-mars, mais ils ont ensuite reculé. La semaine dernière, plus de 90 jours plus tard, le représentant de l’Iran auprès de l’Organisation de l’aviation civile internationale a plaidé que Téhéran les enverrait directement en France dès que toutes les parties qui voudraient être là lors de leur téléchargement pourront prendre l’avion — malgré la pandémie.

M. Trudeau a lui aussi rappelé que l’Iran montrait du doigt la COVID-19 pour expliquer que les enregistreurs n’ont pas encore été livrés. « De toute évidence, même s’il y a une pandémie, nous continuons de travailler sur cette question », a-t-il dit.