Le blocus ferroviaire pourrait bientôt avoir des conséquences désastreuses dans les élevages agricoles, qui dépendent du propane livré par train pour maintenir les animaux en vie en période de grand froid. Le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau, exhorte le premier ministre Justin Trudeau à tout mettre en œuvre pour mettre fin pacifiquement, mais le plus rapidement possible, au blocage des chemins de fer, sans quoi « une crise agricole est à nos portes ».

« Chaque jour qui passe nous rapproche d’une situation dramatique », souligne l’homme à la tête du syndicat qui représente les 42 000 agriculteurs du Québec.

En situation de pénurie ou de rationnement, des agriculteurs pourraient être forcés de choisir quels animaux survivront et lesquels seront laissés à eux-mêmes, déplore l’UPA.

Déjà, des éleveurs ont reçu des avis de la part de leurs distributeurs de propane selon lesquels d’ici sept à dix jours, ils ne seraient plus en mesure de leur fournir du gaz pour leurs appareils de chauffage.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau, exhorte le premier ministre Justin Trudeau à tout mettre en œuvre pour mettre fin pacifiquement, mais le plus rapidement possible, au blocage des chemins de fer, sans quoi « une crise agricole est à nos portes ».

On sait que ça va prendre un certain temps avant que le circuit de l’approvisionnement fonctionne à nouveau si l’on redémarre les trains, donc on ne peut pas attendre de sept à dix jours, c’est sûr qu’il sera trop tard.

Marcel Groleau, président de l’UPA

Les étables des gros animaux qui émettent beaucoup de chaleur comme les vaches laitières n’ont pas besoin d’être chauffées. Mais dans les maternités porcines ou les poulaillers, les bâtiments doivent être chauffés lorsque le mercure descend sous la barre du point de congélation. Les poussins ont particulièrement besoin d’être maintenus à une température confortable. C’est une question de survie pour les animaux. Règle générale, le chauffage d’appoint dans les bâtiments agricoles fonctionne au propane.

« Quand ça prend une chaleur intense comme lorsqu’il fait - 25 °C, le propane va pouvoir fournir de la chaleur intense que l’électricité ou un autre carburant ne peut pas fournir », explique M. Groleau.

De l’aide exigée

Depuis environ deux semaines, le transport de marchandises est perturbé à travers le Canada par des manifestations en appui aux chefs héréditaires de la nation wet’suwet’en. Issus d’une communauté du nord de la Colombie-Britannique, ils s’opposent au passage du gazoduc Coastal GasLink sur ce qu’ils considèrent comme leur territoire ancestral.

« Le trafic ferroviaire est essentiel au bon fonctionnement du secteur agroalimentaire, de la terre à la table », souligne M. Groleau.

Dans une lettre qu’il a fait parvenir au premier ministre Trudeau, il écrit par ailleurs que le gouvernement devra aider les fermiers à éponger leurs pertes.

« La situation empire parce que les blocages se multiplient, et l’on ne sent pas que le gouvernement a l’intention d’agir rapidement. On n’est pas intervenus avant parce que sincèrement, je ne pensais pas que le gouvernement allait laisser aller ça aussi longtemps. C’est sûr que la situation va s’aggraver rapidement. »