Les funérailles de Roger D. Landry, ancien président et éditeur de La Presse, ont été célébrées samedi à l’église de Sainte-Geneviève-de-Batiscan, en Mauricie.

M.  Landry est mort le 1er février. Il venait de fêter ses 86 ans.

« Il a été un mentor, un homme que je trouvais remarquable à tous égards, tant sur les plans personnel que professionnel », a témoigné le ministre Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale Jean Boulet avant la cérémonie.

Même avant son entrée en politique, le député de Trois-Rivières consultait M. Landry pour obtenir ses conseils. « On allait manger, on avait tellement de plaisir, a-t-il raconté. Il s’intéressait à tout. Il parlait de sports, il parlait de société, il adorait la politique. »

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Le ministre Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet

La grande culture de l’homme, tout comme son côté bon vivant, a été soulignée par plusieurs personnes qui ont connu « Roger D. ».

L’homme a eu une carrière bien remplie. Il a notamment travaillé chez Bell Canada et a été directeur adjoint des relations publiques à l’Exposition universelle de 1967. Ancien vice-président du marketing pour les Expos, il est reconnu comme le père de la mascotte Youppi!.

« Son arrivée a changé complètement l’aspect francophone, a souligné le commentateur sportif Rodger Brulotte, qui a travaillé avec M. Landry dans l’organisation des Expos. Les francophones ont pris une place bien méritée dans les Expos. »

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Rodger Brulotte

De 1980 à 2000, Roger D. Landry a été le président et éditeur de La Presse. Le quotidien lui doit notamment l’idée de la Personnalité de la semaine, visant à mettre de l’avant différents acteurs de la société québécoise et leurs accomplissements.

« C’est quelqu’un qui a tellement fait pour La Presse, c’était incroyable comme il était énergique, dynamique », a remarqué l’éditeur actuel de La Presse, Guy Crevier. Sa réalisation marquante à La Presse reste les festivités en 1984 du centenaire du journal, selon lui.

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L’éditeur de La Presse, Guy Crevier

Le vice-président information et éditeur adjoint de La Presse, Éric Trottier, garde le souvenir d’un patron très présent dans la salle de rédaction. « Il venait voir les journalistes tous les jours », a-t-il dit, soulignant son grand intérêt pour l’information et le journalisme.

M.  Landry était un amateur de sport et se plaisait à en discuter avec les reporters de la section, s’est rappelé le journaliste de La Presse à la retraite Daniel Lemay.

Roger D. Landry aimait bien le hockey. « On avait ça en commun », a dit l’ancien directeur général du Canadien, Serge Savard, qui l’a connu du temps où il était joueur. « Il a fait sa marque », a-t-il ajouté à propos de son ami, le décrivant comme quelqu’un qui avait « un bon jugement ».

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Serge Savard

M.  Landry a été nommé compagnon de l’Ordre du Canada en 1996, la plus haute distinction civile au pays. Il avait fait son entrée à l’Ordre du Canada en 1986 en tant que membre, avant d’être fait officier en 1990 puis d’atteindre le plus haut grade de compagnon. Il était également membre de l’Ordre national du Québec depuis 1992.

« M. Landry était une personne très importante dans le monde des communications », a souligné Pierre Arcand, chef de l’opposition officielle. L’Assemblée nationale a d’ailleurs adopté une motion jeudi pour souligner « la contribution exceptionnelle » et le « rôle de bâtisseur ».

M.  Landry a terminé sa carrière dans le milieu politique. Jusqu’en 2018, il était chef de cabinet à l’hôtel de ville de Trois-Rivières, où il travaillait avec le maire de l’époque, Yves Lévesque. « C’était important, pour lui, son patelin », a noté l’ex-maire, qui a travaillé pendant 13 ans avec son « ami Rodge ».

Il a salué « l’homme de conviction, un homme de principe, d’une droiture extraordinaire », avec une grande franchise. « À l’occasion, les gens [venus solliciter ses conseils] sortaient choqués de son bureau, a-t-il relaté. Pourquoi ? Parce qu’il leur avait donné l’heure juste. On avait toujours l’heure juste avec Roger D., et ça, c’était important. »

Roger D. Landry s’est aussi investi bénévolement dans plusieurs institutions, entre autres chez Centraide, à l’Orchestre symphonique et aux Jeunesses musicales du Canada.

Le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau, a étudié avec le fils de M. Landry. « On est allé au collège ensemble, on a fait les 400 coups, a dit M. Péladeau. C’était assez inusité de voir les fils des patrons du Journal de Montréal et de La Presse ensemble. »

Il se souvient du père de son ami comme d’un personnage « très coloré, très actif ».

Roger D. Landry laisse dans le deuil ses trois enfants, Johane, Charle et Geneviève, six petits-enfants, une arrière-petite-fille, ainsi que sa compagne Susan K. O’Reilly.

La juge à la retraite Suzanne Coupal lui a rendu hommage, devant la famille, les amis et les anciens collègues de l’homme disparu réunis à l’église. « Merci, M. Landry », a-t-elle dit, avant d’ajouter les mots sur laquelle il avait l’habitude de dire au revoir : « Take care ».

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La juge à la retraite Suzanne Coupal