(Ottawa) Deux des quatre biréacteurs Challenger du gouvernement fédéral seront trop désuets pour voler au-dessus de nombreux pays — et même au Canada — d’ici quelques années.

Même si la nécessité de remplacer ces appareils a été signalée au premier ministre Justin Trudeau dans une note d’information qui lui a été remise après les élections d’octobre, il ne sera pas facile d’en prendre la décision compte tenu de la controverse qui leur est attachée.

En raison d’un espace aérien plus encombré et de l’arrivée des techniques numériques comme le GPS, un grand nombre de pays mettent en place des nouvelles normes exigeant des systèmes de navigation modernes sur tous les avions.

Deux Challengers achetés par le gouvernement fédéral au début des années 2000 sont conformes parce que leurs systèmes sont relativement modernes, a mentionné Troy Crosbie, chef des achats du ministère de la Défense nationale, dans une entrevue en anglais à La Presse canadienne.

Cependant, ce n’est pas le cas pour les deux autres Challengers achetés dans les années 1980. « L’avionique du poste de pilotage, en particulier le système de navigation de l’avion, ne répond pas aux normes de l’aviation moderne pour la navigation dans les espaces aériens surpeuplés, a souligné M. Crosbie. Il est économiquement impossible de remplacer toute l’avionique de ces deux avions. »

Des responsables ont soulevé le problème des Challengers, qui appartiennent aux Forces armées canadiennes, dans un avertissement adressé à M. Trudeau peu de temps après la réélection du gouvernement libéral

« La flotte Challenger, qui fournit des moyens de transport stratégiques au gouvernement et aux Forces armées canadiennes, approche de l’obsolescence et ne répond pas aux normes opérationnelles, peut-on lire dans la note de service, obtenue par La Presse canadienne en vertu de la Loi d’accès à l’information. Des problèmes supplémentaires vont bientôt réduire sa durabilité et limiter son efficacité opérationnelle à partir de 2020. »

Pourtant, leur remplacement pourrait être politiquement sensible, car les gouverneurs généraux, les premiers ministres et les ministres ont été régulièrement accusés dans le passé d’utiliser les petits avions privés comme des taxis volants personnels.

Les arguments selon lesquels les avions, qui peuvent transporter neuf passagers, sont nécessaires à des fins de sécurité, n’ont pas empêché les partis d’opposition de dépeindre toute utilisation de l’avion comme inappropriée et inutile.

Les avions sont également utilisés par l’armée pour transporter des officiers supérieurs et des troupes dans certaines circonstances, ainsi que pour des évacuations médicales.

Le gouvernement s’est acheté du temps lorsqu’il a signé en décembre un accord qui permet aux deux anciens appareils de continuer à voler aux États-Unis, mais d’autres pays commencent à appliquer ces normes de sécurité. Le Canada lui-même les mettra en œuvre les normes de 2021 à 2023.

« Nous allons devoir trouver des moyens d’aller de l’avant ici, a reconnu M. Crosbie. Il y a différentes options. En attendant, [les Challengers] continuent de voler. La flotte continue d’être utilisée. »