(Québec) L’ingénieur Roger Nicolet, qui a présidé en 1997 la commission d’enquête sur la gestion des barrages au Québec, juge que le travail qui a été fait à la suite des recommandations qu’il a soumises « n’est pas abouti ».

« Le pire a été depuis colmaté, mais je ne crois pas qu’on soit près d’une politique de gestion [des barrages et des zones inondables] qui nous met totalement à l’abri des évènements récurrents comme ceux que nous vivons depuis [quelques] années », affirme M. Nicolet en entrevue avec La Presse.

La commission d’enquête qu’il a présidée était à l’époque « la réponse gouvernementale » aux importantes inondations qui ont touché plusieurs régions de l’est du Québec, à l’été 1996, plus particulièrement au Saguenay.

À l’époque, d’importantes précipitations avaient paralysé en moins de 24 heures des municipalités de Charlevoix, de la Côte-Nord et du Saguenay–Lac-Saint-Jean. En juillet 1996, deux enfants avaient notamment perdu la vie dans un important déluge dans la ville de La Baie.

« Un sujet complexe et délicat »

Le mandat que le gouvernement péquiste de l’époque avait confié à Roger Nicolet était d’étudier l’état des barrages privés et publics au Québec, ainsi que la gestion des zones inondables où des résidences privées étaient notamment construites.

« Il y a un certain travail qui a été fait, mais  il y a toujours beaucoup de trous dans le tissu des contrôles qu’on a réussi à implanter. » 

Après la publication de son rapport, en janvier 1997, le gouvernement du Québec a notamment délégué aux municipalités et aux MRC la responsabilité de cartographier les zones inondables et de les gérer à l’intérieur de leurs schémas d’aménagement du territoire. Or, personne n’a pris cette problématique de front, estime le vétéran de l’ingénierie.

« C’est un sujet extrêmement complexe et délicat dans une perspective gouvernementale. Ça revient indirectement à devoir exproprier un nombre incroyable de personnes qui, en toute bonne foi, ont acquis des propriétés en zones inondables », rappelle-t-il à La Presse.

« Je pense qu’on a fait un certain progrès [depuis la publication de mon rapport], mais personne n’a osé prendre ça de front et décréter des interdictions complètes » dans certaines zones, affirme-t-il.

Aujourd’hui, dit-il, « on en paie toujours le prix ».