La Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal a sondé des dizaines de personnes en vue d'un éventuel grand rassemblement des francophones

Est-il pertinent de rassembler les francophones d'Amérique ? Le moment est-il propice pour discuter d'enjeux, de projets et d'avenir ? Pour répondre à ces questions, la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJB) a lancé une tournée de consultations il y a quelques mois.

« La réponse est oui, dit Nicole Boudreau, responsable du mandat. C'est pertinent, pour autant que certaines conditions soient clairement établies et respectées. »

L'ex-présidente de la SSJB de Montréal a sondé plus de 50 personnes. Parmi elles, des présidents d'associations, des historiens, des linguistes, des sociologues, etc.

Son rapport final sera déposé dans les prochaines semaines. Mais déjà, Nicole Boudreau constate qu'il y a de l'intérêt pour participer à un grand rassemblement de la francophonie.

« On étudie la possibilité de faire des États généraux de l'Amérique française, dit-elle. Mais ça pourrait prendre un autre nom, car ce terme est très chargé. »

Les États généraux du Canada français (1966-1969) avaient marqué une certaine rupture entre les Québécois et les francophones des autres provinces.

Grande ouverture

Pour réussir ce grand projet, Nicole Boudreau rappelle l'importance de s'adresser à tous. « Cette initiative interpelle autant les francophones hors Québec et les Québécois d'origine que les gens qui se sont joints à nous il y a 20 ans, 10 ans, hier. »

On souhaite aussi rejoindre les jeunes. Et couvrir le territoire de l'Amérique française, peut-être même jusqu'aux Antilles. « Nos objectifs sont vastes », dit-elle.

S'il se confirme, cet exercice s'échelonnera sur plusieurs années. Il sera jalonné d'événements culturels, populaires et intellectuels. Il mènera à un état de la situation actuelle de la francophonie en Amérique.

« Cette mise à jour doit être marquée par la rigueur et par une très grande ouverture, dit Mme Boudreau. Elle fera en sorte qu'on reparte tous sur les mêmes bases. »

Les résultats de la consultation mettent de l'avant « l'absolue nécessité » qu'il y ait un relais populaire. « La participation des citoyens amènera un sentiment d'adhésion et de fierté face à cette belle aventure francophone en Amérique », dit-elle.

Reste à voir qui en sera le maître d'oeuvre. « Je suis fière que la SSJB de Montréal ait senti la responsabilité d'amorcer cette démarche, dit Mme Boudreau. Mais il faudra voir quelle est la meilleure structure pour organiser tout ça. »

L'idée d'un organisme à but non lucratif (OBNL) est avancée. 

Genèse du projet

L'idée d'un grand rassemblement des « parlants français d'Amérique » est discutée depuis 2009 à la SSJB de Montréal. 

« Au début de l'automne, on m'a donc confié le mandat de faire une tournée de consultations, explique Nicole Boudreau. Tout ça, avant la crise linguistique en Ontario et les élections au Nouveau-Brunswick qui ont démontré la pertinence qu'une réflexion de fond soit menée. »

Mme Boudreau est optimiste.

« Mon intuition profonde, c'est qu'on va accoucher de quelque chose d'absolument inattendu, dit-elle. Si on se donne la peine d'aller au fond des choses avec l'esprit ouvert, avec de la bonne volonté, et nous n'en manquons pas, le résultat final est insoupçonnable. »