Les baptêmes catholiques sont en chute libre. Alors qu'il s'en célébrait encore 42 213 en 2012, il n'y en a eu que 30 394 en 2017 à l'échelle du Québec.

Ce sont là les plus récentes données émanant de l'Assemblée des évêques catholiques du Québec.

Au total, au Québec, 83 900 bébés sont nés en 2017.

« Dès que la religion a été sortie des écoles, on s'attendait à des baisses, commente Germain Tremblay, adjoint au secrétariat général de l'Assemblée des évêques catholiques du Québec. On est à un moment de notre histoire où la pratique religieuse est en déclin. Ce qu'il sera intéressant de voir maintenant, c'est à partir de quel moment il y aura stabilisation des données. »

Même si Montréal compte beaucoup d'immigrants qui affichent souvent une plus grande foi que les Québécois nés ici, la proportion de baptêmes à l'échelle de la population y est moindre qu'en région, dans de plus petits diocèses.

Toutes ces données signifient dans le même temps que les mariages religieux dans les églises catholiques se feront de plus en plus rares puisqu'il faut qu'un des deux futurs époux ait reçu tous ses sacrements pour avoir droit à la cérémonie.

Des parents « pas pratiquants »

Louise Thibault, qui a été pendant 20 ans responsable des baptêmes des jeunes de 0 à 12 ans au diocèse de Montréal, n'est aucunement surprise du déclin rapide du nombre de baptêmes.

« Même quand les parents décident de faire baptiser leur enfant, c'est rarement avec un grand enthousiasme, dit-elle. On entend : "Ça ne peut pas lui faire de mal", ou alors : "Ma mère a été baptisée, ma grand-mère aussi, donc..." »

« Le baptême n'est pas encore du folklore, mais ça s'en approche. »

De nombreux parents « se disent croyants, mais pas pratiquants, poursuit-elle. Dans ce temps-là, je leur demande ce qu'ils veulent dire par là. Qu'ils ne pratiquent pas la messe du dimanche ou qu'ils ne pratiquent pas la charité ? »

Mme Thibault évoque cette fois où un couple d'immigrants lui a demandé d'aller chez lui parce qu'il voulait faire baptiser son enfant. « J'étais là pour parler baptême, mais ils étaient dans un tel dénuement qu'il n'en a pas été question. Ce qui était important, c'était de les mettre en lien avec la Saint-Vincent-de-Paul et d'autres organismes pour les aider à s'en sortir. C'est quand on fait un tel accueil aux gens qu'on témoigne pour vrai de ce que c'est qu'être baptisé », estime-t-elle.

L'acte de naissance a remplacé l'acte de baptême, les écoles ne sont plus confessionnelles et les cours de catéchèse sont donnés le dimanche plutôt qu'à l'école, rappelle Nicole Boisvert, qui est bénévole en pastorale du baptême. « L'heure est à la laïcisation, tout simplement », dit-elle, soulignant que les messes attirent maintenant en bonne partie des familles immigrantes.