(Toronto) Un groupe de survivants d’agressions sexuelles au sein de l’Église catholique demande aux évêques canadiens de suivre les traces de leurs collègues américains et de divulguer les noms de membres du clergé qui sont visés par des « allégations crédibles ».

Des survivants, liés par leur expérience commune plutôt que par une organisation parapluie, sont présents cette semaine à la réunion annuelle de la Conférence des évêques catholiques du Canada, à Cornwall, en Ontario.

« Ce n’est pas aux survivants de révéler les noms : c’est aux institutions qui nous ont fait du mal », a déclaré Gemma Hickey, dont le propre cas d’agression commise par un prêtre a été réglé à l’amiable.

Gemma Hickey fait partie d’un groupe qui a rencontré dimanche sept évêques canadiens pour discuter de leurs expériences et formuler leurs revendications. Les survivants d’agressions ont appelé les évêques à dévoiler les noms de membres du clergé visés par des allégations crédibles — des cas étayés par des documents tels que des factures de thérapeutes et des règlements à l’amiable. Ils aimeraient aussi savoir comment l’Église a traité par la suite ces agresseurs.

« Le fait d’être agressé sexuellement par un prêtre isole encore plus, car lorsque vous parlez d’accords de confidentialité et d’une culture du secret au sein de l’Église, ça affecte également la santé mentale des personnes », soutient Gemma Hickey.

« On nous a dit que la question des agressions sexuelles commises par des membres du clergé n’était pas nécessairement au centre de l’assemblée plénière. Nous essayons d’en faire le centre. Nous pensons que c’est le problème le plus important auquel l’Église est confrontée à l’heure actuelle. C’est une crise mondiale. »

L’Église catholique œuvre depuis des décennies pour s’attaquer à de nombreux scandales d’agressions sexuelles à travers le monde, mais les efforts se sont intensifiés ces dernières années à mesure que de nouvelles preuves émergent, suggérant des dissimulations aux niveaux les plus élevés de la hiérarchie.

Un sommet au Vatican

En février, le pape François a tenu un sommet au Vatican, invitant les évêques du monde entier à se rencontrer pour discuter d’une approche plus unifiée. Le pape a publié un décret quelques mois plus tard, obligeant les prêtres et les religieuses catholiques du monde entier à dénoncer aux autorités de l’Église les agressions sexuelles, mais aussi les dissimulations par des supérieurs hiérarchiques.

Certains évêques américains sont allés plus loin. Au début du mois de septembre, un évêque de l’archidiocèse de Kansas City-St. Joseph a publié les noms de 19 membres du clergé qui étaient visés par des allégations crédibles. En août, des diocèses de l’Alaska et du Vermont ont publié des listes similaires ; la première comportait sept noms, tandis que la deuxième en comptait 40.

Mais une porte-parole de la Conférence des évêques catholiques du Canada a maintenu que ce n’était pas la stratégie la plus efficace au Canada, où l’Église a déjà mis en place des politiques pour garantir le traitement des allégations. « Quand un diocèse ou un ordre religieux reçoit une allégation crédible d’agression d’un mineur, la police en est informée », a écrit Lisa Gall. « Il appartient ensuite à la police de déterminer s’il est dans l’intérêt public de divulguer les détails de son enquête, y compris, le cas échéant, le nom du présumé agresseur. »

Mme Gall a souligné que si l’accusé devait être reconnu coupable d’un crime sexuel, son nom serait enregistré dans une base de données publique.