(Québec) L’ancienne première dame des États-Unis, Michelle Obama, aura mis des décennies à s’accepter pleinement, dans toutes les dimensions de sa personnalité.

L’ex-First Lady maintenant âgée de 55 ans, qui aura quitté la Maison-Blanche depuis bientôt trois ans, estime avoir enfin accompli cet exploit récemment, «pour la première fois» de sa vie.

Célèbre et adulée, Mme Obama était à Québec, lundi soir, ayant répondu à l’invitation de la Chambre de commerce et d’industrie de Québec, de prononcer une conférence, sur le ton de la conversation, malgré le gigantisme du Centre Vidéotron, où s’étaient réunies quelque 8000 personnes, en grande majorité des femmes.

«J’accepte tout ce que je suis, finalement», a-t-elle dit, en ajoutant que ce n’est souvent qu’à 50 ou 60 ans qu’on peut vraiment savoir qui on est.

La conférence avait de forts accents féministes.

L’animatrice de la soirée et intervieweuse, visiblement nerveuse, était Christiane Germain, coprésidente du Groupe Germain et connue pour sa participation à l’émission de télévision Dans l’œil du dragon.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Christiane Germain

La conférence de Mme Obama, qui a duré un peu plus d’une heure, était donnée dans le cadre d’une tournée de promotion de son autobiographie intitulée Becoming, publiée l’an dernier, traduite en plusieurs langues et vendue à 13 millions d’exemplaires à travers le monde. Le livre figure déjà sur la liste des autobiographies les plus vendues de tous les temps.

«Il est si rare que des femmes, surtout des femmes noires, racontent leur histoire», a dit Mme Obama d’entrée de jeu. Le ton de la soirée était donné.

Son but, dit-elle, en écrivant ce livre, était de parler aux jeunes femmes anonymes «qui ont l’impression que leur voix ne compte pas».

Très à l’aise devant la foule, charismatique, elle s’est attiré des applaudissements quand elle a parlé de l’importance de sortir de sa zone de confort. Les choses les plus extraordinaires qu’elle a vécues sont survenues précisément quand elle a accepté de braver sa peur de ce qui pourrait arriver.

Il ne faut pas se laisser arrêter ou «définir» par nos peurs, a-t-elle insisté, pour en arriver à sentir qu’on peut «faire n’importe quoi», sans limites.

Le monde du travail demeure dominé par les hommes, qui «donnent le ton», a-t-elle rappelé, avec leur culture, leurs façons de faire, et il est temps de faire plus de place aux femmes dans les lieux de pouvoir et les conseils d’administration, a fait valoir celle qui dit avoir dû apprendre à sourire plus souvent pour se faire accepter dans certains milieux et chasser l’étiquette de «femme en colère» que certains voulaient lui coller.

Elle a parlé de son enfance modeste à Chicago, des valeurs inculquées par ses parents, pour qui l’éducation était la priorité absolue.

Son premier modèle dans la vie a été son père, qui accordait de l’importance à ses opinions, un atout pour bâtir la confiance en soi, surtout pour une fille, dit celle qui fut la première femme afro-américaine à jouer le rôle de première dame des États-Unis.

Femme engagée socialement avant et après la politique, elle s’est toujours battue pour promouvoir les causes qui lui tenaient à cœur, plus particulièrement l’éducation des filles, une saine alimentation, l’éducation physique des enfants pour lutter contre l’obésité, la place des femmes dans les postes de pouvoir, le soutien aux femmes démunies et les droits des personnes noires, notamment.

Féministe convaincue, Mme Obama s’est signalée en parcourant la planète pour faire connaître sa campagne Let Girls Learn, destinée à promouvoir l’éducation des filles partout dans le monde, et les encourager à réaliser leurs rêves.

À la demande de Mme Obama, plusieurs personnes oeuvrant pour des organismes communautaires de Québec, dont le YWCA, défendant des causes auxquelles elle est associée, ont pu assister à sa conférence gratuitement.

Sa conférence s’adressait surtout aux femmes et elle tenait à leur dire combien il lui paraissait important de bâtir «une communauté forte composée de femmes», qui s’entraident, en cultivant un précieux réseau «qu’on ne doit jamais laisser tomber».

Aux plus jeunes, elle a enseigné la patience, faisant valoir qu’il était normal de ne pas trop savoir à l’adolescence ce qu’on veut faire de sa vie. «Le parcours est aussi important que le résultat», a dit Mme Obama.

De ses années à la Maison-Blanche, brièvement évoquées, elle n’a pas caché sa frustration de ne pas avoir pu, avec son mari président du pays, renforcer les lois visant un meilleur contrôle des armes à feu, surtout après s’être entretenue avec des victimes de tueries.

À la blague, elle a ajouté que son mari, Barack Obama, qui a été président de 2008 à 2016, n’était pas parfait «mais pas loin».