(San Francisco) Des employés d’Air Canada auraient forcé une jeune fille de 12 ans à retirer son hijab à l’aéroport de San Francisco le mois dernier, selon un groupe de défense des droits des musulmans.

Fatima Abdelrahman, qui joue pour l’équipe nationale junior de squash des États-Unis, attendait son vol à destination de Toronto, le 1er août, lorsqu’un agent d’Air Canada s’est approché et lui a demandé de retirer son foulard, rapporte le Conseil des relations américano-islamiques.

La jeune musulmane, qui était accompagnée des membres de son équipe, en route vers un tournoi international, a expliqué au personnel d’Air Canada son choix de se couvrir la tête pour des motifs religieux. Elle a demandé une zone de contrôle privée avec « la présence exclusive d’employées féminines d’Air Canada » — ce qu’on lui a refusé, l’escortant plutôt dans un tunnel à proximité où elle a dû retirer son hijab publiquement, selon la plainte déposée vendredi par l’organisme.

« Cette expérience allait non seulement à l’encontre de la demande raisonnable de mademoiselle Fatima de pouvoir adhérer à ses convictions religieuses, mais l’a aussi laissée en colère et humiliée », a déclaré dans sa lettre le coordinateur des affaires juridiques du conseil, Ammad Rafiqi, dénonçant l’« attitude insensible » des agents du transporteur aérien.

La sœur aînée de Fatima Abdelrahman avait dénoncé l’incident sur Twitter le jour même. Air Canada a répondu en moins de 30 minutes. L’entreprise s’est dite « désolée d’apprendre » la situation et a demandé les détails de la réservation de la passagère afin d’assurer un suivi.

Compensation et excuses réclamées

Le bureau du Conseil des relations américano-islamiques de la région de la baie de San Francisco a soutenu qu’Air Canada n’avait pas tenu compte de la détresse émotionnelle de l’adolescente et de la nature « discriminatoire » de ses actes. Le Conseil réclame une compensation financière et la présentation d’excuses officielles à la jeune fille, de même que la mise en œuvre d’une formation en compétences culturelles pour l’ensemble du personnel du transporteur.

Après l’incident, Air Canada a mis à jour ses procédures d’embarquement pour établir que les contrôles de sûreté n’exigent pas le retrait des couvre-chefs et que la vérification de l’identité doit être effectuée dans un espace privé, a reconnu le conseil dans sa lettre.

Air Canada n’a pas immédiatement répondu aux questions de La Presse canadienne.

L’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA), qui n’a pas été impliquée dans cette affaire, stipule pour sa part que les passagers peuvent garder les couvre-chefs qu’ils portent pour des raisons religieuses pendant le contrôle de sûreté.

« Tout couvre-chef porté lors du passage sous le portique de détection de métal qui déclenche une alarme devra faire l’objet d’un contrôle supplémentaire. Si une fouille manuelle est requise, elle peut être effectuée dans une salle privée, à votre demande », peut-on lire sur le site de l’ACSTA.