(Ottawa) Des responsables américains ont prévenu le gouvernement canadien que son projet de lancer un appel d’offres pour remplacer ses vieux chasseurs CF-18 ne serait pas compatible avec les obligations du Canada dans le cadre du programme multinational de chasseurs furtifs F-35.

Ces avertissements se trouvent dans deux lettres adressées au gouvernement de Justin Trudeau l’année dernière et obtenues par l’analyste Richard Shimooka, qui les a dévoilées dans un article publié par l’Institut Macdonald-Laurier.

Dans ces lettres, les responsables américains critiquent spécifiquement l’intention du gouvernement libéral de faire en sorte que chaque fabricant d’avions de chasse s’engage à réinvestir au Canada si ses appareils remportent le prochain appel d’offres pour 88 nouveaux appareils, un contrat de 19 milliards.

Bien que cette règle soit la norme pour la plupart des acquisitions militaires canadiennes, les responsables américains signalent que le Canada avait accepté de ne pas appliquer cette règle lorsqu’il s’est inscrit en 2006 au programme de F-35, qui compte neuf pays partenaires, tous membres de l’OTAN.

Les entreprises de ces pays sont plutôt invitées à concourir pour décrocher des contrats en sous-traitance associés à la fabrication de cet appareil. Les autorités américaines affirment donc que l’imposition de conditions préalables pour pouvoir participer à l’appel d’offres canadien signifie que le F-35 ne pourra pas être de la course.

Le Canada a consacré environ 500 millions depuis 20 ans au développement du F-35, conçu par le Pentagone et par le constructeur américain Lockheed Martin. Le F-35 devrait faire concurrence à trois autres appareils pour remplacer les CF-18 : ceux de l’européenne Airbus, de l’américaine Boeing et de la suédoise Saab.