De nouvelles installations qui devraient réduire les risques d'agressions sexuelles chez les enfants pris en charge par les services sociaux anglophones à Montréal demeurent vides, plus de trois ans après la date de livraison prévue.

Le campus ultramoderne des Centres Batshaw à Beaconsfield devait accueillir ses premiers résidants en 2015. Mais sur place, vendredi, pas l'ombre d'un usager : seulement deux bâtiments fantômes. L'un d'eux est terminé, mais demeure inutilisé.

Les retards seraient notamment dus à des problèmes de paiement de la part du CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île, la structure qui a avalé les Centres Batshaw lors de la réforme du système de la santé du ministre Barrette, selon le maire de Beaconsfield, Georges Bourelle.

« C'est complètement inoccupé, avec une clôture sur le bord de la rue pour fermer le chantier. C'est loin d'être beau », a-t-il affirmé. « Complétez-le, finissez-le », a ajouté le maire à l'intention des autorités de la santé. « Ça dure beaucoup plus longtemps que ce à quoi on s'attendait. »

Les intervenants et éducateurs du campus de Batshaw à Dorval, qui doit déménager à Beaconsfield, ont hâte de pouvoir travailler dans des installations adaptées. « Actuellement, à Dorval, il y a des unités qui sont très désuètes », a indiqué Josée Asselin, représentante syndicale de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS). À Beaconsfield, « les plans [architecturaux] sont bons, ils veulent faire ça bien ».

UNITÉS NON MIXTES

Le nouveau campus est organisé en unités non mixtes, ce qui réduirait le risque d'agressions sexuelles entre jeunes - certains sont polytraumatisés et ont déjà vécu des sévices avant d'être sous la responsabilité de la DPJ. Leurs comportements sexuels en sont souvent affectés.

La Presse a rapporté cette semaine le cas d'une fillette de 10 ans sexuellement agressée trois fois par d'autres enfants en l'espace de neuf mois dans des installations mixtes de Batshaw au campus de Dorval. Le juge Nadeau a blâmé la DPJ anglophone de Montréal pour ne pas avoir pris les moyens nécessaires afin d'empêcher la commission de tels gestes et pour avoir mal réagi une fois les agressions commises.

Le magistrat a notamment dénoncé le fait qu'après la deuxième agression, seuls trois résidants demeuraient dans le milieu de vie : la fillette et les deux garçons qui l'avaient agressée sexuellement.

Le CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île n'a pas donné suite à la demande d'entrevue que La Presse lui a fait parvenir vendredi matin. Le service des communications s'est borné à envoyer une déclaration. « Un bâtiment est complété à Beaconsfield. Des travaux de construction sont en cours sur le second. Des jeunes y seront installés lorsque les travaux seront finalisés. Ceci étant dit, il est prématuré d'annoncer le fonctionnement des unités résidentielles », indiquait le courriel. Le service n'a pas répondu aux demandes de précisions envoyées par La Presse.

Le Comité des usagers de Batshaw a été fusionné à celui du CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île lors de la fusion des organisations. Vendredi, sa présidente Micheline Béland a orienté La Presse vers le service des communications du CIUSSS, affirmant que le comité ne parlait pas aux journalistes.