Le plus important fournisseur de marijuana légale au Québec, Hexo Corp., est optimiste quant à sa capacité de répondre à la demande dans les prochains jours, même si les tablettes des magasins de la Société québécoise du cannabis (SQDC) étaient dégarnies au cours de la fin de semaine et que la majorité des produits étaient en rupture de stock sur son site web.

Que les consommateurs se rassurent : il y a encore de la marchandise dans les entrepôts d'Hexo, anciennement connu sous le nom d'Hydropothicaire, qui prévoit aussi augmenter sa production de façon importante dans les prochaines semaines, assure la porte-parole de l'entreprise de Gatineau, Isabelle Robillard.

«On a déjà réapprovisionné des points de vente au cours des derniers jours, et on a d'autres produits en transit qui seront disponibles rapidement dans les magasins et au centre de distribution pour la vente en ligne», indique Mme Robillard.

«On n'a pas de problème d'inventaire ou de production pour le moment.»

Cependant, le marché du cannabis doit composer avec un nouveau réseau de distribution, de nouveaux magasins, de nouveaux employés, alors que la demande a été trois fois plus importante que prévu dans les premiers jours de la légalisation, note-t-elle.

«Il y a nécessairement une période d'adaptation. Personne ne pouvait prédire quelle serait la demande au début et personne ne peut prédire à quel rythme elle se poursuivra», fait-elle remarquer.

Pénurie

Hier, 45 des 68 produits à base de cannabis étaient en rupture de stock sur le site de la SQDC. Parmi les produits d'Hexo, 7 sur 15 étaient épuisés.

Des consommateurs ayant attendu entre 30 minutes et deux heures pour faire leurs achats dans l'un des points de vente montréalais étaient déçus du manque de choix.

«Il reste juste des variétés hybrides ou de l'indica, et seulement deux produits de chacune, au lieu des 25 annoncés», a déploré Tristan Morais en sortant du magasin de la rue Saint-Hubert.

Le cannabis en gélules ou sous forme d'huile, notamment, n'est plus offert en raison d'une grande demande dans les premiers jours.

«C'est dommage, parce que ce sont des produits que l'on ne trouve pas auprès des fournisseurs illégaux», a fait remarquer Alex Bouchard.

Les deux jeunes hommes étaient curieux de tester la qualité des fleurs de marijuana qu'ils venaient d'acheter. Mais ils constataient que le cannabis était vendu deux fois plus cher à la SQDC qu'auprès de leur fournisseur habituel, ce qui pourrait influencer leurs prochains achats.

Production en hausse

Hexo prévoit d'abord s'assurer de regarnir les stocks de contenants de 3,5 grammes de fleurs de marijuana séchées, le produit le plus demandé. Les acheteurs risquent cependant d'attendre un peu plus longtemps pour les huiles et gélules.

«On tente d'avoir le plus de produits possible dans le plus grand nombre de magasins possible», explique le porte-parole de la SQDC Mathieu Gaudreault. 

«On tente de faire nos devoirs, mais la pression est à l'échelle nationale, on n'est pas les seuls à vivre cette pénurie.»

Au cours de la première journée, la SQDC a reçu 30 000 commandes en ligne et fait 12 500 ventes en succursale. La société d'État n'avait pas de données pour les ventes du week-end, mais elle ne s'attend pas à ce qu'elles se maintiennent au même niveau dans les prochaines semaines.

Hexo fournit 30% de la marijuana légale vendue au Québec, soit 20 000 kg de cannabis et de produits dérivés, alors que le reste de la marchandise provient de cinq autres fournisseurs d'ailleurs au Canada.

L'entreprise de Gatineau, qui a 235 employés et plus de 300 000 pieds carrés de serres, prévoit augmenter dans les prochains mois sa superficie de production à 1 million de pieds carrés.