Le nombre de signalements à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) ne cesse d'augmenter et tout indique qu'il franchira pour la première fois cette année la barre des 100 000.

En dévoilant leur bilan annuel, mercredi à Laval, les directrices de la protection de la jeunesse des régions de Montréal, Laval et Lanaudière ont appelé le nouveau gouvernement Legault à faire en sorte « que la cause des enfants et des jeunes en difficulté soit encore une priorité plus que jamais », a indiqué Sonia Mailloux, directrice de la protection de la jeunesse de Laval.

Elle a placé les besoins du personnel au sommet de ses préoccupations, notamment en matière de rétention, de recrutement et de formation, mais elle a hésité à dire qu'il fallait davantage de fonds dans l'immédiat, faisant valoir que « ça pourrait être aussi significatif », mais que les sommes consenties l'an dernier par le précédent gouvernement pour diminuer les listes d'attente représentaient déjà « un effort important ».

La tendance à la hausse, constante depuis près de 40 ans, s'est traduite par un peu plus de 96 000 signalements en 2017-2018, ce qui représente une augmentation de 5,3 % par rapport à l'année précédente et une moyenne inquiétante de 263 par jour.

Le nombre de signalements retenus, quant à lui, a augmenté de 8,2 % à l'échelle provinciale sur un an pour atteindre tout près de 40 000, une autre barre qui sera vraisemblablement franchie l'an prochain.

La DPJ de Montréal montre toutefois des taux d'augmentation beaucoup plus importants que la moyenne provinciale, avec des hausses de 9,6 % du nombre de signalements et de 11,3 % qui ont été retenus.

Sensibilisation et pauvreté

Les quatre directrices de la protection de la jeunesse qui ont pris part à la présentation du bilan étaient incapables d'identifier les raisons précises de cette tendance constante à la hausse, soulignant que des chercheurs sont à se pencher sur cette question.

La directrice provinciale, Assunta Gallo, a tout de même avancé des explications qui semblent déjà se profiler, à savoir que la population et les institutions, davantage sensibilisées, signalent plus souvent les cas dont elles sont témoins.

Mais aussi et surtout qu'« il y a aussi des déterminants sociaux, comme la pauvreté, des difficultés en société que les gens peuvent vivre avec qui peuvent venir expliquer la hausse ».

La négligence et le risque sérieux de négligence viennent au premier rang des problématiques et représentent le tiers (33 %) des signalements retenus, suivis de près par les abus physiques et le risque sérieux d'abus physiques, à 30,5 %.

Les abus sexuels et le risque sérieux d'abus sexuel viennent loin derrière, représentant 11,7 % des signalements retenus.

Fait à noter, 60 % des enfants pris en charge par la DPJ sont demeurés dans leur milieu familial ou chez « un tiers significatif », la plupart du temps un membre de la famille.

Ce sont les enfants de 6 à 12 ans qui représentant la plus importante part des signalements retenus (43,8 %), suivis des 0 à 5 ans (32,5 %). Les adolescents de 13-15 ans (16,6 %) et ceux de 16-17 ans (7,1 %) représentent, ensemble, un peu moins du quart des signalements retenus.