Une navette autonome, sans conducteur, entièrement électrique et gratuite sera mise à l'essai sur la voie publique dans la municipalité de Candiac, en Montérégie, dans le cadre d'un projet-pilote d'un an mené par le transporteur Keolis et le constructeur français Navya, à compter du 27 août prochain.

Le petit véhicule qui ressemble à un minibus futuriste transportera jusqu'à 15 passagers sur un parcours préprogrammé de deux kilomètres entre le terminal d'autobus d'Exo et l'intersection des boulevards Montcalm et Saint-François-Xavier, à Candiac.

La navette fera huit arrêts sur son parcours devant l'hôtel de ville de Candiac puis une résidence pour personnes âgées, à l'usine de filtration de la ville et en face de bâtiments résidentiels privés du boulevard Montcalm Nord (voir tracé). Le véhicule de Navya roulera à une vitesse maximum de 25 km/h et s'arrêtera aux feux de circulation, comme n'importe quel autre véhicule.

Un conducteur sera toujours présent à bord de la navette pour répondre aux questions des passagers et prendre le contrôle manuel du véhicule, en cas de situations imprévues.

Keolis souhaite lancer le service avec passagers pour la rentrée scolaire, le 27 août, soit dans moins de trois semaines. Le service sera interrompu le 1er décembre, pour l'hiver, et reprendra au printemps prochain. Même si cette navette a déjà été testée dans des conditions hivernales au Michigan, les opérateurs mèneront des essais sans passagers afin de s'assurer que le véhicule autonome s'adapte de façon sécuritaire aux conditions de neige, de verglas, de grands froids ou de glace noire typiques des hivers québécois.

Le projet-pilote constituera une première canadienne pour un véhicule autonome de transports collectifs sur la voie publique, en situation de circulation réelle avec les usagers de la route habituels. Cette mise à l'essai pourrait être prolongée après un an, mais une mise en service permanente n'est pas envisagée pour le moment.

CIRCUIT PROGRAMMÉ

Le constructeur de la navette, la société française Navya, n'est pas en terre inconnue au Québec. Un de ses véhicules était en démonstration sur un circuit fermé autour de la place Jean-Paul-Riopelle dans le cadre du Sommet de l'Union internationale des transports publics, qui s'est tenu à Montréal, l'an dernier.

Déjà, à l'époque, Keolis et Navya envisageaient de réaliser un projet-pilote de navette autonome à Terrebonne. Un changement politique à la direction de cette ville de la banlieue nord a toutefois obligé la recherche d'un nouveau partenaire municipal.

La navette circule sur un circuit préprogrammé. Son parcours est cartographié en 3D à l'aide de capteurs Lidar, qui permettent aussi la détection des obstacles lorsque le véhicule est en mouvement. Cette cartographie est réalisée lors de passages répétés sur le tracé prévu en mode manuel - cette première opération devait être réalisée hier sur le parcours à Candiac.

Une fois programmé, le véhicule ne s'écarte pas de son trajet, sauf pour contourner un obstacle. S'il ne « reconnaît » plus son environnement préprogrammé et cartographié, le véhicule s'immobilise. La navette est aussi dotée d'un système de freins d'urgence au cas où une personne ou un obstacle physique surgirait devant le véhicule, semblable aux systèmes d'assistance à la conduite déjà offerts sur de nombreux modèles de voitures de série.

Alimenté par une batterie ayant une autonomie de huit heures, le mouvement du véhicule est contrôlé par une série de systèmes de guidage et de caméras, sur le toit et sur tous les côtés du véhicule, qui « comparent » en tout temps l'environnement présent au parcours programmé de la navette.

15 NAVETTES EN SERVICE

Depuis 2016, la navette de Navya a été mise à l'essai dans des dizaines d'endroits fermés comme des campus universitaires, des complexes industriels ou des places touristiques. Son bilan sur le plan de la sécurité des passagers est toujours immaculé, après avoir transporté plus de 110 000 personnes.

Selon la vice-présidente expérience passager, marketing et commercialisation chez Keolis Canada, Marie-Hélène Cloutier, 15 de ces véhicules sont en service dans 7 pays, notamment à Paris dans le quartier de la Défense et à l'aéroport Charles-de-Gaulle, ainsi qu'à Las Vegas, où l'expérience se déroule depuis près d'un an.

L'expérience québécoise marquera toutefois un jalon dans le développement de la navette, précise- t-elle, dans la mesure où elle circulera sur une voie publique en présence de véhicules traditionnels, de vélos et de piétons dans un environnement urbain ouvert et changeant.

Au Québec, la mise en circulation de véhicules autonomes sur la voie publique est permise, dans le cadre de projets-pilotes, depuis l'adoption du projet de loi 165 qui a modifié en profondeur le Code de la sécurité routière, au printemps dernier. C'est le ministre des Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des transports du Québec, André Fortin, qui a d'ailleurs fait l'annonce du projet-pilote, hier. Son ministère prévoit déployer plusieurs autres bancs d'essai de véhicules autonomes d'ici 2021.

Le projet de Keolis et de Navya bénéficie d'une subvention de 350 000 $ du ministère de l'Économie, de la Science et de l'Innovation.

Illustration fournie par Keolis Canada

Le trajet projeté de la navette.

Photo Edouard Plante-Fréchette, La Presse

Le petit véhicule construit par Navya peut transporter jusqu'à 15 passagers.