Une «petite fille des Îles» avec le vent dans les voiles

Il n'y a pas que les voiles qu'elle hisse qui sont grandes. Ses ambitions le sont aussi. Catheryne Langford a mis pied à terre pour le temps des Fêtes après un périple de sept mois en mer. Celle qui n'était jamais montée à bord d'un voilier il y a un an à peine et qui mettra bientôt le cap sur l'Arctique insuffle maintenant à la jeunesse des Îles de la Madeleine l'espoir que « tout est possible ».

« L'Arctique, c'est tellement unique. » Au bout du fil, la voix de la Madelinienne s'anime. « J'ai déjà hâte de retrouver la mer », dit-elle. Catherine Langford savoure ses rêves. La jolie brune aux pointes blondies par l'air salin a remué ciel et terre pour financer son aventure à bord des grands voiliers de la course Rendez-vous 2017 en récoltant 12 000 $ en quelques mois l'an dernier.

« Il n'y a rien qui disait que ça allait être possible. C'est juste que j'étais trop têtue pour laisser tomber. Je voulais que ce soit possible. Je voulais montrer qu'on pouvait le faire. »

Et c'est ce qu'elle a prouvé en montant à bord du Blue Clipper comme volontaire. Ce voilier-école, « son premier amour », l'aura menée dans une dizaine de pays jusqu'à l'automne.

Mais la fin de la course des grands voiliers, qui a fait plusieurs escales au Canada pour marquer le 150^e anniversaire de la Confédération, ne rimait pas avec la fin du rêve de la jeune femme de 24 ans. Catheryne Langford ne voulait plus quitter la mer, si bien qu'elle a réussi à convaincre l'équipage du Blue Clipper de la laisser l'accompagner jusqu'à sa mise en cale sèche au Portugal, à la fin d'octobre.

À LA DURE

Elle a été la cuisinière désignée jusqu'à la fin du périple. La Madelinienne a dû concocter trois repas par jour pour les 26 personnes à bord. À cette fonction s'ajoutaient des tâches ménagères. « J'ai quasiment fait un burn-out. On travaillait 15 heures par jour. J'ai appris mes limites. Mon corps m'envoyait des signaux, je commençais à avoir le mal de mer », relate-t-elle.

Le défi aurait pu refroidir l'ardeur de son désir de naviguer, mais au contraire, il a renforcé sa passion pour les hauts mâts. « Ça me procure un sentiment que j'ai de la misère à exprimer, mais que les amoureux de la mer comprennent. C'est indescriptible. C'est la liberté. Tu te sens puissante aussi parce que quand tu avances, tu n'as pas de moteur. Ce sont les éléments qui te portent. »

BILLET POUR L'ARCTIQUE

À la fin de son essoufflante aventure, le capitaine du Blue Clipper a offert à cette recrue dévouée un billet pour l'Arctique. Catheryne Langford retournera donc au Portugal en janvier pour les préparatifs du départ prévu en avril. Elle prendra alors le large pour le Grand Nord en passant par les Caraïbes et une dizaine de pays qu'elle énumère.

« Je veux améliorer mes connaissances de la voile. La compagnie va m'offrir des formations pour que je puisse monter en grade. À la fin, j'aimerais être plus à l'aise avec certaines manoeuvres et avoir acquis un bon niveau de matelot », espère celle qui agira cette fois comme « hôtesse », encore une fois comme volontaire sur le navire long de 43 mètres.

CROIRE EN SES RÊVES

De retour sur ses îles natales pour les Fêtes, Catheryne Langford a profité de son séjour pour donner des conférences dans les écoles, afin, dit-elle, d'« inspirer » les jeunes des Îles de la-Madeleine. « Je vois la lumière dans les yeux des enfants. Je leur dis qu'ils peuvent tout faire, que je suis une petite fille des Îles, moi aussi, que tout est à leur portée », raconte-t-elle.

À la fin de chacun de ses exposés, elle demande à ses petits spectateurs d'inscrire sur un bout de papier leur rêve le plus cher. Elle conserve précieusement chaque souhait dans une « banque de rêves ». « Si [son] histoire grossit », la jeune aventurière aimerait créer une fondation pour aider des Madelinots à réaliser leur ambition « pour donner au suivant ».

Après tout, « s'en aller faire un voyage, c'est s'aventurer vers l'inconnu ». Ce sont les mots qu'elle avait elle-même écrits il y a dix ans. Un souhait qu'elle avait pris soin d'accompagner du petit dessin d'une grande voile.