L'Ontario créera des zones d'accès autour des cliniques d'avortement afin de protéger leur personnel et les femmes qui font appel à leurs services, a annoncé mercredi le procureur général de la province.

Yasir Naqvi a précisé que ces zones s'étendront de 50 à 150 mètres autour des huit cliniques qui offrent des services d'interruption volontaire de grossesse en Ontario. Dans ces espaces, il sera interdit de tenir une manifestation antiavortement ou de tenter de dissuader, d'intimider et de faire obstacle aux femmes qui choisissent de recourir à ces services.

Ces dispositions seront également en vigueur dans un rayon allant jusqu'à 150 mètres autour des résidences des employés de ces cliniques et des professionnels de la santé qui fournissent des services d'interruption volontaire de grossesse.

Quiconque viole ces zones d'accès fera face à une amende maximale de 5000 $ et jusqu'à six mois derrière les barreaux. Une deuxième infraction sera passible d'une amende de 1000 à 10 000 $, de même que d'une peine d'emprisonnent allant jusqu'à un an.

En présentant ce projet de loi, mercredi, le procureur général a expliqué que le gouvernement de Kathleen Wynne avait été informé d'une tendance à la hausse des manifestations antiavortement au cours des derniers mois.

À Ottawa, les policiers et le personnel de la clinique Morgentaler rapportent que des protestations ont même empêché des femmes d'entrer dans l'établissement.

«Notre gouvernement croit fermement que le choix d'avoir accès à des services d'avortement en est un profondément personnel, a déclaré M. Naqvi. Les patientes ont droit d'avoir accès à des services d'avortement de manière sûre et sécuritaire, dans le respect de leur vie privée, libres de toute intimidation ou interférence.»

«Bien que je soutienne fortement le droit fondamental de tous à la liberté d'expression, nos lois doivent trouver l'équilibre entre ce droit et la protection des gens», a-t-il exposé.

M. Naqvi a précisé que le gouvernement ontarien avait commencé à élaborer cette mesure au cours de l'été, après s'être penché sur des lois similaires au Québec, à Terre-Neuve-et-Labrador et en Colombie-Britannique.

«L'équité en matière de santé ne peut pas être réalisée seulement à l'intérieur des quatre murs d'une clinique. Ça commence avec l'entrée dans la clinique», a souligné la directrice générale de Planned Parenthood Toronto.

Le groupe antiavortement Campaign Life Coalition argue pour sa part que le projet de loi enfreint la Charte canadienne des droits et libertés.

«Avec les mesures législatives de bulles de protection, il n'est pas question de protéger de la violence les femmes et le personnel en avortement parce qu'il n'y a aucune preuve d'une telle violence», a déclaré le président national du groupe, Jim Hughes.

Le chef progressiste-conservateur, Patrick Brown, a quant à lui accusé le gouvernement de vouloir rouvrir un débat public qui sème la division.

«Soyons clairs, assurer la sécurité des femmes n'est pas un enjeu qui sème la division», a rétorqué Yasir Naqvi.