Une entreprise qui rêve d'autobus-limousines dans lesquels les touristes internationaux pourraient consommer du pot entre deux visites culturelles réclame un cadre légal pour le tourisme de la marijuana au Québec. MTL420 Tours présentera un mémoire aujourd'hui lors de la Consultation régionale sur l'encadrement du cannabis, organisée par le gouvernement.

Visite de plantations de cannabis, ouverture d'un coffee shop comme à Amsterdam, mise en place d'un réseau d'hébergement où il serait possible de consommer de la marijuana en toute légalité : les accommodements réglementaires réclamés par MTL420 Tours sont variés, et s'inspirent directement de ce qui se fait au Colorado et dans d'autres États américains qui ont développé le pot tourism après avoir légalisé la consommation de cette substance.

« Un des problèmes avec la légalisation, c'est que les touristes n'ont nulle part où aller pour consommer. Ce qu'on propose, c'est un cadre légal qui laisserait libre place aux petites entreprises pour le développer », explique Alexis Turcotte-Noël, cofondateur de l'entreprise.

Titulaire d'un diplôme d'études collégiales en tourisme d'aventure et d'un baccalauréat en gestion, il assure qu'un « volet prévention » serait intégré au programme que son entreprise souhaite mettre en place. « Pour l'instant, on ne sait pas quel sera le cadre légal précis de la légalisation, alors on se permet de faire des propositions. On ne veut pas nécessairement créer le tourisme du pot, mais proposer aux visiteurs du tourisme événementiel et gourmand où le cannabis fait partie de l'expérience », explique M. Turcotte-Noël.

Deux autres entreprises canadiennes, Canadian Kush Tours et Canada420 Tours, tentent actuellement d'établir des antennes semblables dans plusieurs grandes villes, en vue de la légalisation.

COURS DE ROULAGE DE SUSHIS... ET DE JOINTS

Au Colorado, premier État qui en a légalisé la consommation récréative, le tourisme du pot a connu une croissance importante entre 2015 et 2016, avant de connaître un léger déclin, selon l'Office du tourisme du Colorado. « Nous prenons en charge en moyenne 1100 clients par mois, et c'est en croissance », affirme cependant Cynthia Ord, responsable du marketing chez My420 Tours. Les clients sont conduits d'une activité à l'autre à bord d'une roulotte dans laquelle ils peuvent consommer du cannabis en toute légalité.

Photo Alain Roberge, Archives La Presse

Au Colorado, premier État qui a légalisé la consommation récréative, le « tourisme du pot » a connu une croissance importante entre 2015 et 2016, avant de connaître un léger déclin, selon l'Office du tourisme du Colorado.

« C'est comme une visite de vignoble ou de microbrasserie, où on peut rencontrer le producteur et apprendre des choses », dit-elle.

My420 Tours offre aussi, pour une centaine de dollars, des cours de cuisine où le cannabis est un ingrédient de base. « Notre atelier le plus populaire est un cours de roulage de sushis et de joints », lance Mme Ord.

L'idée est loin de déplaire à Alexis Turcotte-Noël. « Si on pouvait ouvrir un petit coffee shop, on aimerait beaucoup avoir une section séparée pour faire des ateliers semblables », dit-il.

Jusqu'à maintenant, les gouvernements québécois et canadien ont donné très peu de détails sur les mécanismes qu'ils envisagent pour encadrer la consommation de cannabis par les touristes. Le projet de loi du gouvernement Trudeau prévoit cependant qu'il sera illégal pour les ressortissants étrangers de quitter le pays avec de la marijuana.

UNE DEMANDE CONCERNANT LE MILIEU DE TRAVAIL

La Fédération des chambres de commerce, qui déposera aussi un mémoire aujourd'hui lors des consultations régionales sur l'encadrement du cannabis, réclame de pouvoir poursuivre des travailleurs au civil « pour une faute commise » s'il est démontré qu'ils étaient sous l'effet du cannabis au travail. La FTQ, de son côté, demande l'interdiction de tests de dépistage aléatoires par les employeurs et la fin de politiques rigides de « tolérance zéro » qui peuvent mener au congédiement d'employés qui consomment de la marijuana.