Dès les premières heures du jour, vendredi, alors que sept surdoses vraisemblablement liées au fentanyl venaient de se produire dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, la Direction de santé publique de Montréal et le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont démarré un protocole d'urgence créé en 2016 pour faire face à la crise qui frappe l'Amérique du Nord.

Le Groupe montréalais de vigie des surdoses, composé notamment d'intervenants de rue, de spécialistes en santé publique, de policiers et d'ambulanciers, a été mis en état d'alerte dès le matin par la Direction de santé publique.

Aussitôt, les organismes d'aide aux toxicomanes ont envoyé plusieurs intervenants dans les rues pour inciter les utilisateurs de drogues injectables à la plus grande prudence. L'organisme Meta d'Âme a distribué des tracts et installé des affiches dans les secteurs fréquentés par les utilisateurs de drogues injectables.

L'organisme Dopamine, qui gère un lieu d'injection supervisée, a pour sa part donné plusieurs formations express à des utilisateurs de drogues injectables pour leur montrer comment administrer le naloxone, l'antidote aux surdoses de fentanyl, une drogue des dizaines de fois plus puissante que l'héroïne.

«Stocks suffisants de naloxone» dans les pharmacies

« On s'est assurés dès vendredi que les pharmacies aient les stocks suffisants de naloxone pour le week-end », affirme Carole Morissette, médecin-conseil à la Direction de santé publique de Montréal.

Ce sont, selon elle, des utilisateurs de drogues injectables ou des intervenants qui ont réussi à réanimer les victimes de surdose de vendredi en leur injectant le naloxone, un médicament qui réactive le système respiratoire.

Hier après-midi, le Pharmaprix de la rue Ontario - une des quatre pharmacies montréalaises qui distribuent gratuitement le naloxone aux utilisateurs de drogues et aux intervenants - était à court de kits. « Nous en avons distribué plusieurs pendant le week-end. La demande était anormalement élevée », a expliqué une technicienne de laboratoire.

Cinq arrestations

La présence de fentanyl dans les doses d'héroïne consommées par les victimes de vendredi n'est toujours pas confirmée. Le SPVM a cependant procédé à l'arrestation de cinq personnes qui ont été accusées samedi de possession de stupéfiants en vue d'en faire le trafic, et notamment de fentanyl. Aucune accusation liée aux cas de surdose n'a toutefois été portée à leur endroit.

La Direction de santé publique de Montréal estime que la rapidité de réaction du corps de police a été la clé du succès de l'opération. « La situation était sous contrôle en 24 heures. La source a été identifiée et neutralisée. On aurait pu s'attendre à d'autres surdoses samedi et dimanche, mais il n'y en a pas eu. Il n'y a eu aucun décès. C'est clair, à nos yeux, que l'intervention rapide du SPVM et de l'ensemble des intervenants a eu un effet important », estime la Dre Morissette.

Le SPVM croit pour sa part avoir « atteint le coeur de ce réseau avec ces arrestations ». « Nous avons réussi à minimiser l'impact de la crise », croit la commandante Duquette.

LE NALOXONE DEPUIS JUIN 2015

• Plus de 800 personnes formées pour l'administrer à Montréal

• 633 kits de naloxone distribués

• 56 kits utilisés par des usagers en situation de surdose d'opioïde