Quatre ans après le déploiement massif de millions de compteurs intelligents, un projet de 1 milliard de dollars, Hydro-Québec serre la vis aux 119 000 derniers clients toujours récalcitrants à faire remplacer leur vieux compteur d'électricité. Ceux qui refuseront d'y donner accès devront débourser de nouveaux frais «d'inaccessibilité» et, dans certains cas, seront carrément débranchés par Hydro-Québec.

Cette semaine, des Québécois ont reçu une lettre indiquant qu'ils sont dans l'«obligation de rendre accessible le compteur» pour son remplacement, puisque Hydro-Québec en est le propriétaire. D'ici la fin de l'année, 6000 foyers et commerçants seront ainsi contactés par la société d'État, suivis de 50 000 l'an prochain et de 63 000 en 2018, selon Hydro-Québec.

Quelque «119 000 clients [dont 22 000 commerces] sont concernés sur 3,8 millions. On est à la fin du projet. À terme, tous les anciens compteurs devront être remplacés. C'est bien important», martèle la porte-parole Audrey Giguère. Ces foyers représentent environ 3% de tous les clients d'Hydro-Québec. Certains, par exemple, ont construit un patio neuf emmurant le compteur, tandis que d'autres refusent aux techniciens de pénétrer sur leur propriété.

Les clients qui refuseront ou négligeront, malgré tout, de donner accès au compteur à Hydro-Québec ou d'effectuer les travaux requis pour son remplacement devront sortir leur portefeuille. Huit jours après la réception d'un avis final, les clients devront payer des frais d'inaccessibilité de 85 $ et des frais de relève de 5 $ par mois, une «question d'équité envers nos clients», maintient Audrey Giguère. L'imposition de ces frais provisoires est une «mesure justifiée», a tranché la Régie de l'énergie dans une décision rendue en juillet dernier, puisque cela «occasionne des frais supplémentaires qui sont actuellement assumés par l'ensemble de la clientèle».

Hydro-Québec assure que les clients visés ne seront pas mis devant le fait accompli sans avertissement. «On va leur envoyer des avis écrits et [faire] des appels téléphoniques les invitant à se conformer pour choisir le nouveau compteur communicant, et de rendre accessible [leur compteur actuel]. À défaut de quoi des frais seront facturés. Ensuite, il y aura un avis final. Il y a plusieurs communications. On ne fait pas ça du jour au lendemain, ça, c'est très important», soutient Audrey Giguère.

En tout temps, ces foyers pourront obtenir gratuitement un compteur intelligent ou choisir l'option de retrait, à l'instar de 77 687 clients d'Hydro-Québec, en date du 30 juin. Ceux-ci se sont fait poser un compteur de nouvelle génération non communicant, mais doivent débourser des frais d'installation de 85 $ et des frais de relève de 5 $ par mois. Le compteur intelligent permet d'enregistrer et de transmettre à distance les données de consommation.

Des clients débranchés?

Hydro-Québec sera intransigeante dans certaines circonstances, par exemple si la date d'échéance du sceau de Mesures Canada du compteur devient échue, si le compteur se brise ou si l'installation n'est plus sécuritaire. Le cas échéant, Hydro-Québec débranchera le client, si celui-ci ne rend toujours pas le compteur accessible pour son remplacement. La durée d'un sceau de Mesures Canada varie entre 6 et 10 ans selon le modèle du compteur. Ainsi, de nombreux sceaux risquent de ne plus être valides d'ici 2018.

Hydro-Québec assure ne pas «prendre à la légère» le débranchement de clients, une mesure qualifiée de «très drastique» par la société d'État l'été dernier devant la Régie de l'énergie. Selon la porte-parole Audrey Giguère, c'est justement pour obtenir une «autre option» que l'interruption de service qu'Hydro a réclamé à la Régie le droit d'imposer des frais d'inaccessibilité.

Ces clients recevront un premier avis écrit, suivi au minimum 15 jours plus tard d'un avis final, si aucune entente n'est convenue entre les parties. Puis, huit jours plus tard, le client pourrait être débranché. «On avertit tout de suite le client que la conséquence ultime, c'est que le service d'électricité pourrait être interrompu. C'est sûr qu'on ne veut pas se rendre là», maintient Audrey Giguère. L'an dernier, Hydro-Québec a débranché 60 236 clients résidentiels pour défaut de paiement, soit 50% de plus qu'en 2013.