Alors que les vacances de la construction viennent de commencer au Québec, la Société de sauvetage veut dissuader les amateurs de nautisme de consommer de l'alcool à bord d'une embarcation, rappelant qu'il s'agit d'un important facteur de risque pour les noyades.

Raynald Hawkins, directeur général de la Société de sauvetage, souligne que selon les données des dernières années, environ 40% des victimes de noyade avaient bu de l'alcool en conduisant ou en étant à bord d'un bateau.

Un seul verre alcoolisé consommé sur l'eau équivaut à trois verres sur la terre ferme, considérant le mouvement des vagues et la déshydratation causée par le mélange d'alcool et de soleil, selon M. Hawkins. Tous ces facteurs combinés influencent l'équilibre des passagers, ce qui augmente les risques d'accident.

«La fatigue, le soleil, le vent et les mouvements de l'embarcation engourdissent les sens. L'alcool intensifie ces effets, en réduisant la motricité fine (par exemple, la coordination oeil-main) et en affectant le jugement», est-il écrit dans un document du Bureau de la sécurité nautique de Transports Canada.

M. Hawkins rappelle que les conducteurs de bateaux sont assujettis aux mêmes dispositions du Code criminel que sur la route s'ils se font prendre au volant avec les facultés affaiblies.

«On a déjà vu des jugements dans le passé où le juge avait même dit à la personne: "Vous conduisez avec les facultés affaiblies sur l'eau, alors je vais aussi vous enlever votre permis de conduire sur la route"», a-t-il ajouté.

Il s'agit là d'un facteur de risque propre au Québec, a fait remarquer M. Hawkins. «En Ontario, si vous voulez consommer de l'alcool à bord de l'embarcation, vous devez être soit ancré, soit au quai. Ce qui n'est pas le cas au Québec, les gens peuvent se promener avec leur alcool», a-t-il indiqué.

Le port d'une veste de flottaison pourrait également diminuer les risques de noyade puisque plusieurs personnes - surtout les hommes - surestiment leur capacité à nager. «Souvent les proches (des victimes) nous disent qu'elles savaient nager. Cinquante pour cent des victimes savaient nager», a indiqué M. Hawkins.

Le directeur général de la Société de sauvetage du Québec recommande d'ailleurs au gouvernement du Canada de rendre obligatoire le port de vestes de flottaison en tout temps sur les bateaux.

Selon la règlementation actuelle, les plaisanciers doivent avoir des vestes à bord selon le nombre de passagers et leur âge. Mais ils ne sont pas tenus de les porter.

«Il y a déjà de la surveillance sur nos plans d'eau. (...) Ce serait même peut-être plus facile d'application parce qu'à vue d'oeil, les policiers pourraient déjà dire que des gens sont en infraction parce qu'ils ne portent pas leurs vestes. Tandis que maintenant, ils sont obligés de les accoster et de vérifier avec eux», a-t-il expliqué.

Depuis le début de l'année, la Société de sauvetage du Québec a recensé 34 noyades, alors qu'il y en avait 35 à pareille date l'année dernière. Or, le contexte est différent, puisqu'une semaine des vacances de la construction était déjà passée à cette même date.

«On sait que c'est le moment de l'année où il y a le plus de gens près de l'eau, sur l'eau et dans l'eau. Donc, ça augmente la probabilité d'avoir des décès liés à l'eau à cause de la loi du nombre», a indiqué M. Hawkins.

Les noyades au Québec de 2009 à 2014 (dernières données officielles disponibles de la Société de sauvetage du Québec):

- 2009: 83

- 2010: 87

- 2011: 87

- 2012: 90

- 2013: 71

- 2014: 72