Le ministre des Transports Marc Garneau juge insuffisantes les mesures d'urgence existantes dans plusieurs municipalités du pays qui sont situées à proximité d'une voie ferrée. Pour remédier à cette situation, il envisage la création d'unités d'intervention rapide régionales qui pourraient se rendre promptement sur les lieux d'une catastrophe ferroviaire de l'ampleur de celle survenue à Lac-Mégantic en 2013.

S'appuyant sur son expérience d'ancien astronaute, M. Garneau estime qu'il faut à la fois miser sur de nouvelles mesures de sécurité pour éviter une autre tragédie ferroviaire et concocter des plans d'urgence qui englobent tous les pires scénarios.

De nouvelles mesures de sécurité ont été adoptées depuis la tragédie de Lac-Mégantic - limite de vitesse des trains qui circulent dans les municipalités à 16 km/h et remplacement des wagons-citernes Dot 111 par des wagons plus robustes d'ici 2025, entre autres choses. Mais le ministre estime qu'il faut former des équipes de premiers répondants pour épauler les petites municipalités qui dépendent de pompiers volontaires, par exemple.

D'où l'idée de créer des unités d'interventions rapides régionales et de mettre sur pied un centre de formation fédéral pour préparer les premiers répondants qui doivent se rendre sur les lieux d'accidents ferroviaires graves.

« La sécurité ferroviaire est ma plus grande priorité. C'est non seulement dans ma lettre de mandat, mais personnellement, j'y tiens beaucoup », affirme le ministre Garneau dans une entrevue accordée à La Presse dans le cadre de la semaine de la sécurité ferroviaire qui commence le 25 avril.

« Je suis ingénieur. J'ai été astronaute. Pour moi, la sécurité est absolument essentielle. Cela fait partie de ma culture. C'est de cette façon que j'aborde mon travail au ministère des Transports, en particulier la question de la sécurité ferroviaire. »

- Marc Garneau

M. Garneau a souligné que des mesures avaient été adoptées dans la foulée de la tragédie de Lac-Mégantic de 2013. Mais après avoir rencontré des citoyens et des élus municipaux depuis qu'il est à la tête du ministère des Transports dans le cadre de tables rondes tenues un peu partout au pays, il arrive à une conclusion : il reste encore beaucoup de travail à faire pour rassurer les gens.

« La question que l'on doit se poser, c'est : est-ce qu'il y a eu suffisamment de mesures qui ont été adoptées par le gouvernement précédent pour assurer la sécurité ferroviaire ? À mon avis, non. Je dis non parce que les gens me le disent. Les gens sont plus conscients qu'auparavant qu'il y a des matières dangereuses qui sont dans les trains et ces trains passent derrière leurs maisons. On en est très conscients et c'est à cause de ce qui s'est passé à Lac-Mégantic. Si les gens me disent qu'ils sont toujours inquiets, cela veut dire qu'on a du travail à faire », a-t-il soutenu.

À preuve, les dirigeants de différentes municipalités lui ont fait valoir qu'ils n'ont tout simplement pas les moyens de former des équipes de premiers répondants dans l'éventualité où une catastrophe comme celle qui a détruit le centre-ville de Lac-Mégantic survenait dans leur patelin.

« C'est un défi de taille non seulement dans les villes, mais aussi dans les municipalités. Les petites municipalités n'ont pas les mêmes moyens que les grandes villes. Souvent, il s'agit de pompiers volontaires, et ils n'ont pas l'expertise nécessaire. »

- Marc Garneau

« Il y a eu des mesures qui ont été prises après la tragédie de Lac-Mégantic. Il y a des mesures qui touchent les premiers répondants. Comment s'assure-t-on que les premiers répondants peuvent réagir dans le cas où il y a un déraillement avec possiblement une explosion, ou une fuite de matière dangereuse ? C'est cela qui me préoccupe le plus », a-t-il ajouté.

Dans le cadre de la Semaine de la sécurité ferroviaire, M. Garneau se rendra à Lac-Mégantic mardi afin de participer à une assemblée publique au cours de laquelle il répondra aux questions des citoyens de cette ville encore marqués par la tragédie de 2013.

M. Garneau s'est rendu à quelques reprises à Lac-Mégantic depuis la tragédie. Il a dit constater que les plaies étaient encore à vif. « En janvier, le maire m'a dit qu'il connaissait quelqu'un qui vit près du chemin de fer et qui se couche le soir tout habillé. Il veut être prêt à sortir rapidement. C'est un exemple de traumatisme assez sévère. Mais moi, je veux que cette personne se sente en sécurité dans sa propre maison », a dit le ministre.

AMOUREUX DU TRAIN

Même s'il est ministre des Transports et qu'il a droit à un chauffeur, Marc Garneau saute dans le train tous les lundis matins à Montréal pour se rendre à Ottawa. Il fait le trajet inverse le jeudi soir. « J'adore le train. C'est vraiment pour moi le plus beau moyen de transport. Je pourrais me faire conduire par mon chauffeur. J'aime bien mon chauffeur, mais je ne veux pas le faire venir à 4 h du matin pour qu'il me prenne à 6 h. C'est tellement facile pour moi de prendre le train. Je fais du travail dans le train. À la fin de la semaine, cela me permet de décompresser. Cela me détend. J'avais un petit train manuel quand j'étais jeune. Je n'ai jamais conduit une locomotive. Mais comme ministre, ils me laisseraient peut-être aller en avant pour tirer le sifflet ! »