Le centre jeunesse de Laval n'est pas une «passoire», conclut le vérificateur nommé par Québec, André Lebon. Les fugues doivent toutefois devenir une «priorité provinciale», et les efforts doivent cibler les jeunes filles sous le joug de proxénètes.

Les ministres Lucie Charlebois (déléguée aux Services sociaux) et Martin Coiteux (Sécurité publique) ont rendu public le rapport d'André Lebon mardi. Ils avaient mandaté ce vérificateur il y a un mois pour analyser le fonctionnement du centre jeunesse de Laval, «l'épicentre», disaient-ils, du phénomène des fugues répétées d'adolescentes.

«Le vérificateur nous dit que le centre jeunesse de Laval a bien respecté tous les protocoles existants concernant les fugues. À ce moment-ci, le centre jeunesse de Laval a toute ma confiance», a affirmé Mme Charlebois en conférence de presse.

Selon le rapport, «les fugues sont en hausse de façon générale. Le phénomène est québécois et non lavallois». Il signale que le centre jeunesse de Laval a une «concentration plus élevée de jeunes à risque», mais il n'est pas davantage touché par le phénomène. Il ajoute que «la majorité des fugues au CISSS de Laval se font lors de sorties (70 % chez les filles) et non à partir de l'interne. Verrouiller les portes ne prévient que ces dernières».

La fugue n'est pas un fléau non plus, selon André Lebon. «La majorité des jeunes (65 % à 70 %) hébergés en centres de réadaptation au Québec ne fugue pas. Parmi ceux qui le font, une majorité (68 %) fugue pour moins de 24 heures. Et la majorité des jeunes qui reviennent en moins de 24 heures le font à l'intérieur de 5 heures.» Et 60 % des jeunes qui fuguent le font une seule fois, selon lui. «La fugue fait partie du processus de réadaptation et peut même contribuer à la progression d'un jeune dans sa recherche d'autonomie, ajoute-t-il. La vraie préoccupation doit se porter sur un petit nombre de jeunes qui se mettent en danger lors de ces fugues. 18 % des jeunes fuguent trois fois et plus et 17 % de jeunes fuguent 72 heures et plus.»

André Lebon constate «une hausse significative de la lourdeur de la clientèle». «Davantage de jeunes avec des incidences de problèmes de santé mentale, de dépendance et de toxicomanie, de jeunes filles sous le joug de proxénètes, de jeunes qui ont des pensées suicidaires, de jeunes qui s'automutilent... Avec l'alourdissement des clientèles vient l'obligation de faire le point sur les moyens dont les établissements disposent pour composer avec les besoins de ces jeunes.» Il faut selon lui «réfléchir collectivement à l'ensemble des pratiques et de moyens existants. Le devoir de moyens, c'est de trouver des solutions pour cette frange d'environ 25 % des jeunes placés qui sont à haut risque, et ce, dans le cadre de la Loi sur la protection de la jeunesse qui régit les pratiques existantes.»

Il recommande par exemple de mettre en place une «transition  entre le recours à l'encadrement intensif», qui vise à placer un jeune dans une unité fermée, «et le retour aux unités de vie ouvertes». Selon lui, on doit tenir compte «des facteurs de risques pour les jeunes dont la fugue est soit chronique, soit une façon de se mettre en danger». Rappelons que certaines adolescentes qui avaient fugué du centre jeunesse de Laval auraient rejoint un réseau de prostitution.

Les ministres ont indiqué qu'un plan d'action sera adopté prochainement.