Un couple de Kahnawake réunissant un Mohawk et une femme non autochtone a été la cible de vandalisme ainsi que d'une manifestation les appelant à quitter la réserve en raison de la mixité de leur famille, la fin de semaine dernière.

Le mot « frog » a été peint à la bombe aérosol sur leur résidence située dans la réserve de la Rive-Sud.

Marvin et Terri McComber vivent dans la communauté depuis plusieurs années avec leurs trois enfants. Mais des militants traditionalistes estiment que cette situation doit cesser parce que Mme McComber n'est pas elle-même d'origine autochtone, contrairement à son conjoint et à leurs enfants.

« Je me suis réveillé et le voisin accrochait une pancarte "Si vous vous mariez à l'extérieur de la communauté, quittez la communauté" sur un poteau de téléphone », a relaté M. McComber, samedi, au réseau APTN. Peu après, j'ai réalisé que ma maison et ma voiture avaient été la cible de graffiteurs. »

Une quarantaine de personnes ont manifesté toute la journée devant la résidence des McComber. Ils souhaitent voir appliquer un règlement interne qui prévoit qu'un Mohawk ne peut habiter dans la réserve avec sa conjointe (ou l'inverse) si celle-ci n'est pas elle-même mohawk.

« Pour toujours : notre terre, nos droits, notre sang », pouvait-on lire sur l'affiche d'une participante.

« Nous sommes ici afin de protester pacifiquement contre une présence illégale [trespassing] dans la communauté qui enfreint nos lois mohawks », a expliqué Ohontsakate Montour à APTN. 

« Ces personnes sont ici contre la volonté de la communauté, contre la volonté de la majorité. »

« C'est pour nos enfants et nos petits-enfants, a ajouté le chef Carl Horn. Je veux m'assurer que Kahnawake demeure Kahnawake. »

Poursuite contre le conseil de bande

Les McComber n'ont peut-être pas été ciblés par hasard. Avec 14 autres personnes dans la même situation, ils poursuivent le conseil de bande de Kahnawake afin de faire annuler un règlement qu'ils considèrent comme raciste.

C'est l'avocat Julius Grey qui représente ces couples « qui ne sont pas considérés comme assez purs dans leur lignée pour rester à Kahnawake », a-t-il dit à La Presse en entrevue téléphonique. 

« Si n'importe quelle communauté essayait de faire valoir [cette obligation], je pense que ce ne serait pas acceptable. »

Me Grey tentera donc de faire juger inconstitutionnel ce règlement. « Ils prétendent qu'en vertu de leur propre loi interne, ils ont le droit de demander aux gens de quitter », a-t-il déploré. Mais « aucune collectivité ne peut dire qui on doit marier ou enlever des privilèges et des droits sur la base de l'origine des époux ».

Hier soir, ni les McComber ni le porte-parole du conseil de bande n'ont pas rappelé La Presse

« Il n'y a aucun doute quant au fait que la loi [sur la présence de non-autochtones sur la réserve], c'est la loi. Dans toutes les sociétés, vous avez le droit de démontrer votre soutien pour la loi », avait fait valoir ce porte-parole à APTN.