Les centaines de millions de dollars prévus dans le budget fédéral pour la sécurité nationale ne régleront pas pour autant les défis que doivent affronter les forces de l'ordre, selon des experts.

Le gouvernement Harper a promis de verser près de 293 millions $ en cinq ans aux agences de renseignement et de sécurité du pays pour lutter contre l'extrémisme.

«Ce gouvernement s'est levé pour assurer la sécurité des Canadiens», a déclaré le ministre de la Sécurité publique Steven Blaney.

Un porte-parole du ministre a souligné que de nombreux experts sur les questions de sécurité avaient louangé les nouvelles dépenses prévues au budget, affirmant qu'elles étaient un pas dans la bonne direction.

Toutefois, Wesley Wark, expert en sécurité de l'Université d'Ottawa, remarque que seulement 18 millions $ ont été réservés pour l'exercice financier 2015-2016, malgré les besoins urgents des différentes organisations, notamment de la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Le tiers des 92 millions $ prévus ne seront pas dépensés avant 2019-2020. «On ne répond pas vraiment à un besoin actuel», a-t-il affirmé.

Les inquiétudes quant aux probabilités que des attentats terroristes soient perpétrés en sol canadien ont poussé le corps policier fédéral à affecter plus de 600 agents à la lutte contre le terrorisme. Ces policiers enquêtent sur le crime organisé, l'espionnage et d'autres infractions graves.

Dans les derniers mois, certains se sont plaints que la GRC devait faire beaucoup avec trop peu de ressources.

Par ailleurs, le professeur adjoint en relations internationales de l'Université Carleton, à Ottawa, Jez Littlewood, croit qu'il faudra beaucoup de temps à la GRC pour qu'elle recrute tous les nouveaux agents dont elle a besoin. Il s'attend à ce qu'une partie des nouvelles sommes soit réservée au recrutement. «(Mais) nous devrons vivre avec la réaffectation des ressources de la GRC à l'interne malgré tous les risques que cela représente. Le recrutement, la formation et les nouvelles affectations nécessitent du temps», a-t-il dit.

«Si nous nous rappelons les changements survenus dans les démocraties occidentales après le 11 septembre (2001), on n'avait pas vu une véritable augmentation des effectifs et une amélioration de l'entraînement avant deux ou trois ans.

Le budget réserve 12,5 millions $ au Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité - l'organisme qui contrôle pour le Parlement les activités du SCRS -, doublant du même coup ses ressources. Mais MM. Ward et Littlewood font remarquer qu'il n'y a pas de nouvelles sommes pour l'organisme surveillant le Centre de la sécurité des télécommunications, qui travaille de concert avec le SCRS pour retracer des présumés terroristes.