Après dix ans à la barre d'Hydro-Québec, Thierry Vandal lance la serviette. Le patron de la plus importante société d'État quittera le navire, en mai prochain.

Il s'est contenté d'un coup de fil au cabinet du premier ministre Philippe Couillard pour faire connaître ses intentions. Jamais il ne les avait évoquées jusqu'ici.

Dans un courriel envoyé aux employés vendredi, il expliquait «après plus de 18 années d'engagement au sein de l'équipe de direction de l'entreprise, dont les 10 dernières comme président-directeur général, le temps est venu pour moi de passer à une autre étape de ma carrière».

«Le moment m'apparaît approprié alors que nous sommes à lancer nos travaux de planification stratégique et que notre actionnaire, le gouvernement du Québec, prévoit également mettre en oeuvre une nouvelle stratégie énergétique de long terme vers la fin de 2015».

M. Vandal avait été renommé en avril 2012, pour cinq ans. Son salaire est de 452 000$. Sous le gouvernement Marois, des rumeurs avaient circulé sur son départ éventuel; on lui avait nommé Pierre Karl Péladeau comme président du conseil d'administration. Il avait épousé les priorités du gouvernement péquiste, l'électrification des transports.

Yves Thomas Dorval, le président du Conseil du patronat, s'était entretenu avec lui hier, il n'avait soufflé mot de ses intentions. «Thierry Vandal aura apporté beaucoup avec ses talents de planification stratégique, de développement économique», observe M. Dorval.

Il aura été celui qui a finalement fermé la centrale de Gentilly, une opération délicate techniquement, mais aussi politiquement. Il aura lancé le chantier Eastmain, celui de La Romaine sur la Côte-Nord.

Vandal n'est pas un inconnu dans les cercles libéraux. Déjà à la fin des années 1980, il était une recrue vedette chez l'aile jeunesse du parti, promis déjà à un brillant avenir, il deviendra vite président de la Commission politique du PLQ. Il avait terminé ses études en génie civil de l'École polytechnique de Montréal en 1982. En 1995, il décrocha un MBA des HEC.

Après un séjour dans l'industrie pétrolière, on le retrouve à Gaz Métro de 1992 à 1996. À ce moment André Caillé, le patron de Gaz Métro l'amène avec lui comme vice-président quand Lucien Bouchard lui confie les commandes d'Hydro Québec.

Il devient vice-président à la planification stratégique et au développement des affaires jusqu'en 2001 où il prend la direction de la division production de la société d'État. Un ami de Stéphane Bertrand -aussi ancien chez Gaz Métro, il sera promu quand André Caillé sera envoyé sur une voie de garage -il avait contredit M. Charest sur l'opportunité de dégeler le bloc patrimonial, une décision que prendra finalement plusieurs années plus tard le gouvernement libéral.

En 1999, Vandal jouera un rôle important dans la création d'un «parquet de transaction énergétique» pour écouler les surplus dans toute l'Amérique du Nord.