Le gouvernement des États-Unis entend prendre tout le temps qu'il lui faudra avant d'annoncer sa décision sur le projet canadien d'oléoduc Keystone XL, a prévenu vendredi le secrétaire d'État américain, John Kerry, alors qu'il se trouvait aux côtés de son homologue canadien, John Baird.

Depuis trois jours, à l'occasion de son séjour à Washington, le ministre canadien des Affaires étrangères a martelé qu'une décision devait être prise rapidement car l'industrie pétrolière ne pouvait être laissée dans l'incertitude.

Le ministre Baird s'est défendu de vouloir dire au gouvernement américain ce qu'il devait faire, mais il a insisté pour qu'on agisse rapidement dans ce dossier.

Or, le secrétaire d'État, John Kerry, a répliqué vendredi que le mécanisme de prise de décision comportait des étapes, et qu'elles devaient être respectées. Notamment, la dernière étude environnementale commandée par le département d'État doit être complétée.

«Je crois qu'il comprend que nous devons suivre les règles en la matière, a indiqué M Kerry. Nous en sommes actuellement à l'étape des impacts environnementaux. Une analyse sera effectuée en vertu de l'intérêt national. Et nous n'en sommes pas encore là en ce moment.»

Un très fort intérêt public envers le projet et ses possibles ramifications a ajouté à la complexité de l'examen, a suggéré M. Kerry. «Bon nombre de questions ont été soulevées lors des audiences publiques, et ces commentaires ont nécessité des réponses appropriées», a-t-il ajouté.

«La population a un rôle à jouer dans tout cela. Nous sommes tous redevables à nos citoyens. Le processus démocratique exige que nous agissions de la sorte.»

Combien de temps tout cela va-t-il durer? Il y a onze mois, après avoir été nommé à son poste, M. Kerry disait espérer pouvoir fournir une réponse rapidement. Près d'une année plus tard, il refuse de s'engager plus avant en termes d'échéancier.

Pour sa part, M. Baird dit espérer une réponse dans les prochaines semaines, histoire de ne pas perdre une autre saison aux conditions climatiques favorables à la construction. L'industrie, de son côté, affirme avoir gaspillé de l'argent pour remplir des formulaires et acheter de l'équipement qui prend la poussière.

Des experts de l'industrie se disent quant à eux surpris de constater à quel point ce sujet fait l'objet d'une controverse sur le plan politique aux États-Unis.

Les environnementalistes, frustrés de l'échec américain à mettre sur pied un système national de quotas d'émissions polluantes, voient la décision sur Keystone XL comme un test essentiel pour l'engagement du président Barack Obama dans la lutte contre les changements climatiques.

De l'autre côté, les adversaires du président se sont servis de ce dossier pour s'attaquer à son bilan économique, arguant que son retard dans cette affaire représente une incapacité de favoriser la création d'emplois à un moment crucial.

L'ambitieux projet d'oléoduc Keystone XL doit transporter du pétrole brut de l'Alberta jusqu'aux raffineries du Texas, sur le golfe du Mexique. C'est le président Obama qui aura le dernier mot sur la mise en oeuvre du projet.