À Francia, dans le nord du Honduras, les Ramos cultivaient sur leurs terres des fèves et du maïs. Ils élevaient aussi un peu de bétail.

Un rival aurait exigé qu'ils lui cèdent leur terre pour une bouchée de pain. Les Ramos auraient refusé. Et presque tous les hommes de la famille, et quelques femmes, auraient payé de leur vie cet affront.

C'est l'histoire racontée par les Ramos qui ont fait une demande de statut de réfugié au Canada.

Le propriétaire terrien rival n'a pu être interrogé par La Presse et l'histoire des Ramos comporte certaines zones grises. Par exemple, un des cousins, Erin Omar, a été assassiné à San Pedro Sula en sortant d'une luxueuse voiture près de sa maison cossue, entouré de plusieurs gardes du corps, rapportait un journal local. Loin de l'image de pauvreté décrite par ceux qui ont immigré ici. Mais le Canada a jugé que les certificats de décès d'une douzaine de membres de la famille, tous tués par balle, parlaient d'eux-mêmes. Leur version a été acceptée.

Courant au Honduras

Il y a quelques décennies, le gouvernement hondurien a décidé de permettre aux paysans pauvres de cultiver des terres qui appartenaient à de grands propriétaires. Ces derniers se sont sentis dépossédés.

S'en est suivie une situation de vives tensions entre les paysans, les propriétaires et leurs petites milices et l'armée. Des dizaines de meurtres ont été commis pour de petits lopins de terre.

Dans la région d'où viennent les Ramos, la violence contre les paysans et les militants pour les droits de l'homme est dénoncée par des organisations comme Reporters sans frontières et Amnistie internationale, entre autres.

«J'ai vu tuer ma mère. J'y ai échappé parce que les tueurs ne m'ont pas reconnu. Celui qui a fait du mal à mon père voulait s'emparer de toutes ses terres là-bas, au Honduras», a dit un frère de Sonia Marlen Ramos Montes lors de son interrogatoire pour l'obention du statut de réfugié au Canada.

«Les parents de Danny Villanueva, quand ils ont obtenu le statut de réfugiés, c 'était exactement cette histoire-là. I ls ne voulaient pas céder leurs terres. Son père a été torturé. On lui a coupé des doigts », raconte Me Stephane Handfield, avocat spécialisé en immigration. Il dit qu'il ne serait pas étonné outre mesure d'apprendre que des réfugiés honduriens continuent d'être victimes de violence ici.

« Les criminels honduriens et mexicains peuvent avoir le bras long », croit-il.