Les proches d'Emmanuelle et de Laurie Phaneuf, assassinées la semaine dernière, leur ont rendu un ultime hommage, hier à Longueuil. La famille éplorée a invité les gens victimes de violence à la dénoncer avant qu'il ne soit trop tard.

Des dizaines de membres de la famille et des amis des deux disparues ont pris part à un service à leur mémoire, dans un salon funéraire de la Rive-Sud de Montréal. Les larmes aux yeux, plusieurs s'expliquent encore mal le drame familial. «Laurie est partie trop vite. Elle comptait beaucoup pour nous», s'est désolée l'une de ses amies, Maria Zekhnini.

Les deux femmes ont été retrouvées mortes le 4 novembre dernier, tuées à l'arme blanche. François Tartamella, 34 ans, a été arrêté puis accusé du meurtre non prémédité de son ex-femme et de son ancienne belle-fille.

Laurie Phaneuf, qui venait d'avoir 13 ans, avait parlé à ses amis du climat tendu qui régnait dans sa famille. «Elle nous disait souvent qu'elle préférait aller chez sa grand-mère», a indiqué Maria Zekhnini.

De l'émotion et des questions

Plusieurs se questionnaient hier au salon funéraire sur le traitement accordé par la police à la plainte qu'Emmanuelle Phaneuf avait portée contre son ex-conjoint, qui acceptait mal leur séparation.

La famille des deux disparues a invité les victimes à dénoncer la violence. «Si vous êtes impliqués dans une relation avec de la violence conjugale ou domestique, que ce soit verbal ou physique, n'importe quelle forme de violence intrafamiliale, que vous soyez un jeune qui vit de la violence, dénoncez-la. Dénoncez la violence que ce soit à la police, à un travailleur social, à un professeur ou à un proche. Dénoncez la violence dont vous êtes victime. Personne ne devrait vivre dans un milieu où il y a de la violence», a indiqué Laurent Gingras, proche de la famille et lui-même policier.

Le sénateur Pierre-Hughes Boisvenu, dont l'une des filles a été assassinée, s'est présenté pour offrir ses condoléances à la famille. «On est rendu cette année à une douzaine de drames familiaux, c'est deux Polytechniques par année», s'est-il désolé. «Comme société, on ne peut plus accepter que, lorsque quelqu'un lance un cri d'alarme, que ce soit une dame en détresse ou des enfants, on ne réagisse pas.»

L'Association des familles de personnes assassinées ou disparues (AFPAD), que le sénateur Boisvenu a fondée, a épaulé la famille touchée par le drame. Son actuelle présidente, Elizabeth Pousoulidis, se questionne beaucoup sur cette tragédie, surtout qu'Emmanuelle Phaneuf avait dénoncé son ex-conjoint à la police. «Je veux savoir pourquoi il n'y a pas eu plus d'aide et pourquoi on est ici dans un salon funéraire, aujourd'hui?»

Indignation

Même si les deux femmes ont été tuées par arme blanche, l'AFPAD voit dans le drame une raison de plus pour maintenir en place le registre des armes d'épaule que souhaite abolir le gouvernement conservateur. «T'as un chien, tu l'enregistres. T'as une voiture, tu l'enregistres. C'est quoi le problème d'enregistrer une arme à feu? Le chien et la voiture n'ont pas été conçus pour tuer, les armes oui», s'est indignée Elizabeth Pousoulidis.

Des personnes qui ne connaissaient pas les deux victimes, mais qui ont été touchées par le drame, se sont également déplacées afin de transmettre leurs condoléances à la famille. «Des fois, c'est dur de voir si c'est une plainte sérieuse, mais dans ce cas, ça aurait dû être pris au sérieux», s'est désolée Jannique Boutin qui affirme avoir elle-même dénoncé un ex-conjoint à la police.