Le public est en délire. La cinquantaine de clients du bar de Thetford Mines, dopés à la testostérone, beuglent comme s'ils étaient 500. Sur la scène, Vandal Vyxen, à quatre pattes, essuie le plancher trempé à l'aide d'une serviette. Elle vient de terminer le premier de ses trois spectacles de la soirée.

En 20 minutes de spectacle, la jeune femme de 26 ans se livre à diverses pratiques sexuelles à peu près inimaginables pour le commun des mortels, seule ou avec sa covedette Malory Maze, pour finalement éjaculer sur la scène et sur une partie du public comme une véritable fontaine.

Un talent très particulier, qui lui vaut une reconnaissance du milieu de la porno québécoise et qui pourrait lui ouvrir les portes du lucratif marché américain.

Avant de quitter la scène, Vandal Vyxen signe quelques affiches pour une poignée de clients du bar d'effeuilleuses Le Pignon vert. Elle frotte chaque affiche roulée sur son sexe, avant de la tendre vers le fan comblé.

Vandal Vyxen trottine ensuite vers le sous-sol du bar, qui lui sert de loge pour l'occasion. Des valises remplies d'accessoires sexuels et de costumes sont empilées dans un coin de la pièce.

Même si ce spectacle hard-core est choquant, voire dégradant, Vandal Vyxen semble s'amuser.

Juchée sur ses talons aiguilles, couverte de tatouages et de piercings, ses cheveux multicolores coiffés à la punk, la jeune femme de 26 ans carbure à l'attention.

Vandal Vyxen ne s'en cache pas: elle adore sa notoriété. Elle a participé à quelques films «sérieux», notamment le dernier film du réalisateur Michel Jetté, Bumrush, en plus de participer à des spectacles d'humour gore, qui lui ont valu un article dans la revue Urbania.

Ses anciens camarades de classe doivent se demander comment la petite Myriam Crépeau, élève timide et studieuse d'une bonne école privée, s'est ainsi métamorphosée.

Même si sa vie a été marquée très tôt par le drame - sa mère a succombé à une surdose, son père est inconnu -, la jeune fille a grandi au sein d'une famille banlieusarde heureuse avec son oncle et sa tante.

Elle étudie au cégep en Ontario en production télévisuelle. Elle veut se spécialiser en maquillage et en effets spéciaux. Diplôme en poche, elle commence à faire du montage pour des productions pornographiques québécoises. Elle se retrouve devant la caméra.

Ensuite, tout a déboulé très vite. Les spectacles, les scènes pour le web et les films. «J'ai commencé à me faire reconnaître dans la rue, j'ai aimé ça. Un gars s'est même carrément fait tatouer mon autographe.»

Elle a maintenant 300 tournages à son actif.

Pour l'aider à gérer son horaire de fou, il y a Mario, une nounou atypique qui la suit comme son ombre et lui sert de chauffeur, de garde du corps et de grand frère.

À l'instar d'Anne-Marie Losique, elle admet que l'industrie de la pornographie québécoise manque encore de maturité. «C'est un peu le free for all. La compétition entre les rares boîtes nuit à l'industrie», croit-elle.

Elle réussit à vivre de son métier. Plutôt bien, même.

Elle n'a pas honte de sa carrière ni des tatouages qui lui couvrent le corps. Sa mère et sa soeur sont au fait de sa vie d'actrice et respectent ce choix, sans poser de questions. Son père l'ignore. Fidèle abonné de La Presse, il l'apprendra probablement en lisant ces lignes.

Craint-elle de devenir une bête de cirque? Pas du tout. «Je suis vraiment capable de rire de moi-même.»