La critique en matière d'éducation au Parti québécois, Louise Harel, propose que Québec cesse de financer les nouvelles écoles privées pour concentrer les fonds au réseau public. Une suggestion que la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, a vite fait d'écarter.

«Il faut qu'il y ait un moratoire sur l'agrément (permis et subvention) de nouvelles écoles privées pour que cesse la multiplication, durant les dernières années, des écoles privées subventionnées», a déclaré Louise Harel.

La députée péquiste d'Hochelaga-Maisonneuve a convoqué la presse hier pour réagir aux propos de l'ancien premier ministre Jacques Parizeau. Dans une lettre ouverte, M. Parizeau a décrié le fait que les élèves du réseau scolaire anglophone réussissaient en plus grand nombre que ceux du réseau francophone.

Mme Harel, qui a appuyé les propos de son ancien chef, estime que la solution à ce problème passe avant tout par l'accroissement du financement du réseau public. «Toute la marge de manoeuvre budgétaire que l'on peut mettre à l'éducation doit être exclusivement dirigée vers l'école publique», a déclaré Mme Harel.

La députée croit toutefois que l'État doit maintenir le financement actuel des écoles privées, sans quoi le gouvernement s'exposerait «à une guerre nucléaire avec le secteur privé». Le système privé est financé à 60% par les fonds publics.

Courchesne rejette l'idée

La ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, a rapidement rejeté l'idée d'un moratoire sur le financement des nouvelles écoles privées. "Je ne crois pas à cette notion de moratoire", a dit la ministre, en entrevue téléphonique avec La Presse.

Mme Courchesne estime qu'une telle mesure violerait la Charte des droits et libertés de la personne. "Il faut qu'on continue de donner des permis aux écoles privées, parce qu'on doit offrir le libre choix aux parents", a-t-elle dit.

Mme Courchesne a souligné que très peu d'écoles privées étaient fondées chaque année au Québec. Elle a aussi rappelé que son ministère a annoncé au printemps dernier qu'il ne délivrerait aucun agrément aux écoles privées en 2008-2009.

Par ailleurs, la ministre estime que Jacques Parizeau a tracé un portrait beaucoup trop négatif du système scolaire. "Tout ce qu'il a fait, c'est dénigrer le système, sans apporter de solutions, a-t-elle déclaré. Cela dit, il est évident que nous devons continuer de prendre des actions."

Michelle Courchesne estime que la solution passe avant tout par la lutte contre les différents problèmes sociaux, tels la pauvreté, le décrochage scolaire et les difficultés d'apprentissage.

Pourquoi?

Selon les données du ministère de l'Éducation mises de l'avant hier par M. Parizeau, le taux d'obtention des diplômes après cinq ans des garçons anglophones est presque deux fois plus élevé que chez les francophones. Pour la cohorte de 2002 de la Commission scolaire de Montréal, il était de 35%, contre 67% pour les élèves de la Commission scolaire English-Montreal.

Mme Courchesne s'explique cette différence par le fait que la population anglophone est "plus homogène", et qu'elle développe un plus grand sentiment d'appartenance envers l'école.

Selon Louise Harel, la réussite du réseau anglophone s'explique d'abord par le niveau de revenu plus élevé dans les milieux anglophones.