Un soldat canadien a été tué et sept autres ont été blessés, hier, lors d'une attaque dans le sud de l'Afghanistan. Cela porte à 97 morts le bilan des pertes canadiennes, quelques heures à peine après le déclenchement officiel de la campagne électorale par le premier ministre Stephen Harper.

Le sergent Scott Shipway en était à moins d'une semaine de la fin de son deuxième séjour en Afghanistan quand son véhicule blindé a été touché par une bombe de fabrication artisanale. Il a été transporté par hélicoptère à l'hôpital militaire multinational de la base de Kandahar, où son décès a été constaté. L'état des autres soldats a été jugé «satisfaisant» par un porte-parole de l'armée. Ils se portaient assez bien pour parler à leurs proches.

Ce décès a fait grimper le bilan des pertes militaires canadiennes à 97 morts depuis 2002 et à 23 depuis le début de l'année. La mission militaire en Afghanistan pourrait ainsi tenir une place importante dans la campagne électorale si le cap fatidique du 100e soldat mort en Afghanistan est franchi avant le jour du scrutin, alors que les politiciens s'affaireront du matin au soir à séduire les électeurs, multipliant les bains de foule, le porte-à-porte et les discours.

«La guerre en Afghanistan et les talibans ne vont pas faire une pause pour nous s'il y a un scrutin général au Canada», a reconnu récemment Peter MacKay dans un discours à Calgary.

Les politiciens réagissent

Gilles Duceppe a commenté la mort du sergent Shipway sitôt qu'elle a été annoncée. «C'est avec une immense tristesse que j'ai appris le décès d'un militaire qui a trouvé la mort alors qu'il accomplissait son devoir», a-t-il dit.

Le chef libéral Stéphane Dion a quant à lui vu dans ce décès «le rappel cruel des dangers constants auxquels font face nos courageux soldats, femmes et hommes» alors que le premier ministre, Stephen Harper, a promis de ne pas oublier le sacrifice que le sergent Shipway a fait «pour aider à assurer un avenir plus prometteur pour le peuple afghan». Ils ont tous offert leurs condoléances à la famille.

Un sondage récent a révélé que 56% des Canadiens désapprouvent la présence militaire canadienne dans la province de Kandahar. Ils sont 54% à dénoncer un accord conclu en mars dernier entre conservateurs et libéraux pour le maintien des forces canadiennes en Afghanistan jusqu'en 2011.

Le professeur de l'Université McGill Desmond Morton estime que le premier ministre Stephen Harper fait fausse route s'il pense que les nouvelles du front afghan n'affecteront pas les électeurs canadiens. «Les conservateurs voudraient bien que le prochain mois soit tranquille pour mener leur campagne», a-t-il déclaré à La Presse Canadienne.

D'après ce spécialiste de l'histoire canadienne militaire, les troupes canadiennes pourraient même avoir reçu le mot d'ordre de garder un profil bas au cours des prochaines semaines et de se tenir loin des lignes de feu. «Mais cela, ils ne l'admettront jamais publiquement.»

Avec La Presse Canadienne