Près de la moitié des jeunes du secondaire (45,8%) disent constater ou avoir connaissance que leurs camarades consomment de la drogue ou de l'alcool à l'école même.

Quand on demande aux jeunes si eux-mêmes en ont consommé, le pourcentage chute dramatiquement: à peine 7,5% répondent par l'affirmative.

Croient-ils qu'il y a à l'école plus de drogue qu'ils ne le pensent? Ont-ils été nombreux à ne pas trop vouloir «confesser» leur consommation au sondeur?

La question de la drogue et de l'alcool à l'école demeure l'une des plus difficiles à cerner. D'abord à cause de la difficulté d'avoir l'heure juste des jeunes, mais aussi parce que les autorités demeurent muettes sur le sujet. La Commission scolaire de Montréal dit n'avoir aucune statistique là-dessus. Le Service de police de la Ville de Montréal dit qu'il ne peut révéler les siennes. La Sûreté du Québec (qui couvre toute la province à l'exception des plus grandes villes) a cependant dévoilé, l'an passé, avoir arrêté 1721 personnes dans le cadre du Programme d'intervention en milieu scolaire.

Selon notre sondage, les élèves du secteur public disent presque deux fois plus que ceux du privé (51% par rapport à 28%) qu'il se consomme de la drogue ou de l'alcool à l'école.

En entrevue, Alexandra, qui va à l'école publique, dit que ce n'est pas très difficile de savoir s'il y a beaucoup de drogue à son école: les jeunes en prennent carrément devant l'entrée principale. «Trois ou quatre fois par année, les policiers viennent à l'école avec des chiens renifleurs et chaque fois, quatre ou cinq élèves se font prendre.»

Cesser de prendre du pot, c'est la grande résolution de début d'année d'Alexandra, âgée de 14 ans. «Mon problème, c'est que je n'étais pas capable de dire non quand on m'en offrait. Mais là, j'en ai assez d'avoir tout le monde sur le dos. J'ai commencé à consommer quand mon frère faisait une cure de désintoxication, et aussi bien mon frère que mes parents étaient vraiment déçus de moi.»

«Je dirais que sur dix élèves à l'école, sept prennent de la drogue, estime Kevin, un élève de 14 ans qui fréquente une école publique de Montréal. Moi aussi, j'en prends pas mal. Mes parents le savent et ils n'osent rien dire: je le sais bien que mon père en a pris lui-même pas mal étant jeune!»

Julien, qui étudie dans une polyvalente de la Rive-Sud, dit qu'il s'est fait offrir de la drogue deux ou trois fois à l'école et qu'il saurait vers qui se tourner s'il en voulait. «C'est surtout du pot et des pinottes, des pilules quoi. Il y a pas mal de I.»

Et c'est quoi, ça, de la I? «Aucune idée», lance Julien en riant. (C'est de l'ecstasy.)

En 2006, l'Institut de la statistique du Québec a sondé 571 élèves de la première à la cinquième secondaire, et les a questionnés sur leur consommation de drogues, non pas seulement à l'école même comme le faisait notre sondage, mais en général dans leur vie. Pas moins de 30% se sont dits consommateurs de drogues (24% en ce qui a trait au cannabis).

Est-ce qu'il t'arrive très souvent, souvent, rarement ou jamais de constater ou d'avoir connaissance que d'autres élèves consomment de la drogue ou de l'alcool à l'école?

14,1%: Très souvent

31,7%: Souvent

45,8%: Total très souvent et souvent

36,9%: Rarement

17,1%: Jamais

54,1%: Total rarement ou jamais

0,1%: Ne sait pas/ ne répond pas

As-tu déjà consommé de la drogue ou de l'alcool à l'école?

7,5%: Oui

92,5%: Non

Combien de fois as-tu consommé de la drogue ou de l'alcool à l'école au cours de la dernière année?

5,2%: 1 à 5 fois

0,4%: 6 à 10 fois

0,2%: 11 à 20 fois

0,2%: 20 à 50 fois

0,3%: Plus de 50 fois

92,6%: Aucune

1,1%: Ne sait pas/ ne répond pas

7,3: Moyenne annuelle (fois)