L'ancien commissaire de la Gendarmerie royale du Canada Giuliano Zaccardelli a reconnu mardi que les États-Unis n'avaient pas suivi les règles convenues avec le Canada relativement à l'affaire Maher Arar.

Dans une entrevue accordée au service anglais de la Société Radio-Canada, mardi soir, M. Zaccardelli a affirmé que la détention puis la déportation de M. Arar vers sa Syrie natale étaient dûes à l'attitude sans compromis adoptée par les autorités américaines après le 11 septembre 2001.

Après la détention de M. Arar à New York à l'automne de 2002, M. Zaccardelli avait dit à la CBC que les autorités américaines avaient informé le Canada qu'elles ne disposaient pas de suffisamment de preuves pour l'accuser mais avaient demandé s'il serait interpellé à son retour au pays.

En fait, les Américains voulaient savoir si M. Arar serait arrêté ou détenu au Canada, a précisé M. Zaccardelli. A cette question, les autorités canadiennes ont répondu qu'elles ne pouvaient ni l'arrêter, ni le mettre en prison, a-t-il expliqué depuis Lyon, en France, où il est à l'emploi d'Interpol.

Les États-Unis ont alors laissé croire aux Canadiens que M. Arar allait être remis en liberté et renvoyé au Canada, amenant la GRC à mettre sur pied une équipe de surveillance pour suivre M. Arar à la trace à son retour au pays.

Mais quand l'avion qui devait ramener M. Arar à Montréal s'est posé, ce dernier ne s'y trouvait pas, a dit l'ancien commissaire de la GRC.

Dans les faits, les autorités américaines ont déporté M. Arar vers la Jordanie, d'où il a ensuite été transféré en Syrie, où il a été emprisonné pendant environ un an et où il aurait été torturé, selon ses dires.

M. Zaccardelli a perdu son poste en 2006 après avoir présenté deux versions différentes à un comité des Communes qui voulait savoir quand la GRC avait-elle transmis des informations erronées sur M. Arar aux autorités américaines.

Une enquête publique sur l'affaire Arar a démontré que la GRC a erré en considérant M. Arar comme un islamiste fondamentaliste et transmis aux Etats-Unis de fausses informations sur l'ingénieur en informatique.

Ce sont ces informations erronées qui ont conduit à l'arrestation et à la déportation de M. Arar vers la Syrie.

L'enquête publique a finalement conclu que M. Arar n'était pas lié à quelque groupe terroriste que ce soit. Le gouvernement fédéral a dû lui présenter des excuses et lui a versé une indemnité de 10 millions $.