«La vente de drogue à Berri-UQAM est un problème connu de tout le monde, mais c'est récurrent. Ça n'arrête pas. Les caméras de surveillance éloignent davantage les acheteurs que les vendeurs», constate à regret Claude Rainville, directeur général de la Société de développement du Quartier latin.

Quelque 10 millions de personnes déambulent dans ce quartier touristique, qui accueille plusieurs festivals et où l'on trouve une université, des artères commerciales importantes et la Grande Bibliothèque.

Le coeur de la ville. «Les points de vente de drogue sont vraiment ancrés aux stations de métro. C'est devenu presque impossible d'y marcher sans se faire offrir quelque chose», déplore M. Rainville.

Selon lui, le problème de vente de drogue au Quartier latin est similaire à celui du parc du Mont-Royal. «On a un bon service de police, mais c'est évident qu'il n'a pas les effectifs nécessaires pour en venir à bout», croit M. Rainville.

Il faudrait selon lui envisager une présence policière permanente aux points de vente connus.

D'autant plus que, à son avis, la situation se détériore.

La drogue dure fait des ravages, le tissu social s'effiloche et la présence de junkies rend le quartier moins sûr, remarque-t-il. «On reçoit beaucoup de plaintes de clients et de commerçants. On constate que la vente de drogue amène une clientèle de toxicomanes. On est rendu loin du folklore des consommateurs de passage qui viennent s'acheter de quoi rouler un joint.»

Le nouveau président du comité exécutif de la Ville de Montréal et responsable de la Sécurité publique, Claude Dauphin, assure que la lutte contre la drogue demeure une priorité. «Je suis extrêmement conscient de ce qui se passe à Berri-UQAM. On a beaucoup de plaintes. On sait très bien que ça dérange tout le monde», assure M. Dauphin, favorable à une présence policière soutenue dans ce secteur.

À court terme, les autorités de l'arrondissement de Ville-Marie n'écartent pas l'idée de procéder à une rafle policière comme celles qui ont eu lieu au mont Royal. «Que les vendeurs se le tiennent pour dit!» prévient M.Dauphin.

Du côté de la police, on se montre peu bavard sur le sujet, sous prétexte de ne pas faire déraper des stratégies d'intervention. «Berri-UQAM et les alentours demeurent un endroit ciblé», affirme toutefois le commandant du poste de quartier 21, Alain Simoneau. Il n'a rien voulu dire des opérations à venir ni révéler si des coups de filet étaient parfois menés contre les revendeurs de drogue de l'endroit.

M. Simoneau a cependant indiqué que la dernière opération d'envergure dans ce secteur remonte à quelques mois et s'était soldée par une vingtaine d'arrestations.

Le commandant du secteur assure par ailleurs que les caméras de surveillance fonctionnent rondement dans le centre-ville. En mai dernier, une querelle entre la police de Montréal et l'administration Tremblay-Zampino sur l'imputation budgétaire d'une somme de 6000$ avait paralysé momentanément le redéploiement et le branchement des 24 caméras de vidéosurveillance du centre-ville.