La société canadienne qui a acheté une importante quantité d'uranium naturel concentré de l'Irak soutient que les forces armées américaines sont à l'origine du secret ayant entouré la transaction.

Cameco Corp., un producteur canadien d'uranium dont le siège est situé à Saskatoon, a fait l'achat de 550 tonnes de «yellowcake», un ingrédient de base du processus d'enrichissement nucléaire, pour une somme qui atteindrait des dizaines de millions de dollars.

Le porte-parole de Cameco, Lyle Krahn, a dit que c'est l'armée américaine, qui a supervisé le transport du matériau brut hors d'Irak, qui était à l'origine du caractère clandestin de l'opération. «Nous répondions à la demande du gouvernement américain», a-t-il dit en parlant de la façon dont le concentré d'uranium est sorti de Bagdad et du chemin qu'il a suivi pour parvenir au Canada.

Il a confirmé que la cargaison est arrivée à Montréal, par bateau, samedi, et qu'elle sera transportée à bord de camions aux installations de la compagnie à Port Hope et Blind River, en Ontario.

Cameco dépense actuellement entre 15 et 20 millions $ pour nettoyer, et 20 à 25 millions $ supplémentaires pour réparer et moderniser son usine de conversion d'hexafluorure d'uranium de Port Hope, et s'attend à ce que le travail soit terminé cet automne. Les activités de l'usine sont suspendues depuis la découverte de sol contaminé sur son terrain, en juillet 2007.

Sans vouloir dévoiler la quantité d'uranium brut achetée, ou son prix, M. Krahn a affirmé que c'était une bonne affaire pour Cameco. «Chaque année nous vendons plus d'uranium que nous pouvons en produire, alors nous allons sur le marché pour trouver de l'uranium à acheter. Quand le gouvernement américain nous a parlé de cette occasion, nous avons pensé que c'était une bonne idée de soumissionner», a-t-il dit.

Malgré l'origine de l'uranium, certains observateurs spécialisés dans les questions nucléaires s'interrogent sur le secret dans lequel s'est déroulée l'opération. «S'il s'agit de 'yellowcake', alors pourquoi serait-ce top secret? Ce n'est pas en soi du matériel utilisable pour fabriquer des armes», a commenté Gordon Edwards, qui dirige le Regroupement pour la surveillance du nucléaire, à Montréal.

Le Port de Montréal a confirmé dimanche qu'un navire transportant un chargement d'uranium est arrivé vendredi en provenance de Bagdad.

Le «yellowcake» ne pose pas de risque grave s'il est conservé et scellé convenablement.

Selon M. Edwards, cependant, l'industrie a tendance à minimiser le risque potentiel du matériel qui sera transporté sur les voies routières canadiennes.

M. Krahn a soutenu que toutes les précautions requises seront mises en oeuvre.