Les rencontres entre les chefs de l'opposition et le premier ministre Stephen Harper se suivent et se ressemblent. Après le bloquiste Gilles Duceppe vendredi, c'est le néo-démocrate Jack Layton qui a conclu hier que des élections cet automne sont désormais inévitables.

Moins de 45 minutes en compagnie de Stephen Harper auront suffi à Jack Layton pour déduire que le premier ministre a déjà décidé de convoquer les Canadiens aux urnes avant la fin de son mandat. Les rencontres avec les partis de l'opposition n'y changeront rien, a dit Jack Layton lors d'un bref point de presse à l'issue de son rendez-vous avec le premier ministre.

Le chef néo-démocrate a expliqué qu'il avait demandé au premier ministre de collaborer avec les partis d'opposition pour s'attaquer au ralentissement de l'économie ou à la crise de la listériose, à quoi M. Harper n'aurait démontré aucun signe d'ouverture.

M. Layton a aussi abordé le dossier des coupes dans les subventions au secteur de la culture. «Elles vont engendrer des pertes d'emplois au profit d'autres pays. Tout ça alors que nous devons plutôt investir dans l'innovation et dans nos technologies à nous», a dit Jack Layton. «Je lui ai demandé d'adopter une approche constructive avec un vrai leadership parce qu'il y a des enjeux très importants maintenant», a déclaré M. Layton. Le premier ministre lui aurait indiqué qu'il doutait de la possibilité de trouver un compromis.

Plusieurs observateurs avaient prédit cette impasse puisque le NPD, tout comme le Bloc, s'est opposé de façon quasi systématique au gouvernement lors des votes cruciaux en Chambre.

Layton devant Dion

Selon un sondage mené par la firme Nanos Research-Sun Media, le chef néo-démocrate se classe au deuxième rang des chefs de parti qui, selon les électeurs canadiens, ferait le meilleur premier ministre. Jack Layton se classe loin derrière Stephen Harper mais devant le libéral Stéphane Dion.

Hier, M. Layton a tenu les propos d'un candidat en pleine campagne électorale.

«On a une crise dans notre économie, on a 4 millions de personnes qui n'ont pas de médecin de famille, on a une crise dans l'environnement (...) on a besoin d'un leadership du gouvernement. Moi, je suis préparé à prendre sa place.»

Seul le chef libéral, Stéphane Dion, n'a pas encore rencontré M. Harper.

Il aurait suggéré au premier ministre la date du 9 septembre, soit au lendemain des trois élections partielles qui doivent avoir lieu au Québec et en Ontario, mais le cabinet de M. Harper aurait jugé que cette date était trop éloignée.

M. Dion soutient que ces rencontres avec les partis de l'opposition sont inutiles et ne servent qu'à justifier les intentions de Stephen Harper.

La campagne pourrait d'ailleurs être lancée sans même que MM. Harper et Dion se soient rencontrés.

Hier, le directeur des communications du premier ministre n'a pas nié cette éventualité.

«On interprète cette attitude de M. Dion comme une preuve qu'il ne veut pas parler au premier ministre», a dit Kory Teneycke.

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Harper serait le meilleur

Si libéraux et conservateurs semblent au coude à coude dans les sondages, Stephen Harper est vu par les Canadiens comme le plus apte à diriger le pays. Selon une enquête Nanos Research-Sun Media, près de 36 % des électeurs estiment que le chef conservateur ferait le meilleur premier ministre, alors que des élections générales pointent à l'horizon. Stephen Harper domine dans toutes les régions du pays. Au Québec, 30 % des électeurs croient qu'il est le plus apte à gouverner. Le chef néo-démocrate Jack Layton se retrouve en deuxième place au niveau national, à près de 17 %. Le leader libéral Stéphane Dion suit, à 15 %.

La Presse Canadienne