Marie Manseau enseigne à l'école Wilfrid-Bastien depuis 10 ans. Dans cette école primaire où se côtoient des enfants de 67 nationalités, le climat est souvent tendu.

«Ça joue dur, ce sont des petits tough, explique l'enseignante de cinquième année. La majorité vit des problèmes très lourds. Ce n'est pas compliqué, j'ai parfois l'impression que la moitié de ma classe est en dépression. Ça me crève le coeur tous les jours parce que je les aime tellement, mes jeunes.»

L'école Wilfrid-Bastien est située à Saint-Léonard, mais elle est fréquentée en grande partie par des jeunes de Montréal-Nord. Selon Marie Manseau, plusieurs d'entre eux sont laissés à eux-mêmes et les problèmes de consommation de drogue ne sont pas rares. Pour éviter qu'une autre émeute comme celle de Montréal-Nord se reproduise, il faut des programmes sociaux dès le primaire. Et beaucoup de volonté politique.

«Il ne faut pas reproduire la situation des banlieues parisiennes. Il ne faut pas laisser de côté ces quartiers jusqu'à ce que ça pète.»

Raviver l'étincelle

Selon Marie Manseau, ceux qui enseignent dans les quartiers difficiles doivent redoubler d'imagination pour intéresser leurs écoliers.

«C'est normal que ça pète quand autant de jeunes manquent de buts, d'occupations. Il faut les motiver par des activités. C'est impressionnant à quel point on peut raviver l'étincelle grâce à un journal d'école, à une pièce de théâtre ou à une visite au musée. Malheureusement, les budgets ne sont jamais là et, avec la réforme, on a sabré les activités à caractère artistique. La moitié des professionnels ont perdu leur job.»