La policière lavalloise Valérie Gignac n'aurait pas dû mourir. L'intervention policière qui lui a coûté la vie en 2005 «était basée sur une analyse inexacte de la situation». Pire, la technique utilisée par les policiers était «inappropriée et dangereuse».

Telles sont les conclusions du rapport de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST), rendu public hier.

Le 14 décembre 2005, Valérie Gignac et un collègue répondent à l'appel d'une personne qu'ils croient en difficulté. Lorsqu'ils arrivent dans l'immeuble, ils entendent des bruits d'agitation.

Les agents demandent au locataire François Pépin d'ouvrir la porte. Il refuse. Valérie Gignac déduit qu'il y a une personne en danger à l'intérieur de l'appartement. Elle tente donc de défoncer la porte. Deux coups de feu retentissent. La policière est touchée à mort.

Selon le rapport, Valérie Gignac a mal analysé la situation. «Rien ne démontrait l'urgence d'entrer dans l'appartement», écrit l'inspecteur Jean-Guy Bergeron. «Au lieu de maintenir le contact avec le locataire qui, malgré sa colère, répondait à l'agent qui l'interpellait, la policière menace de défoncer la porte. L'ouverture forcée n'était pas la technique à utiliser et était donc inappropriée.»

C'est le deuxième revers qu'essuie le service de police de Laval en un mois. En juin, un jury a acquitté Basil Parasiris, qui avait abattu le policier Daniel Tessier. La police lavalloise avait été critiquée parce que l'intervention ne s'était pas faite selon les règles de l'art.

Peu après la mort de Valérie Gignac, le service de police de Laval a voulu rectifier le tir. «À la suite de l'accident, deux jours de formation ont été administrés à nos 500 policiers», explique Daniel Guérin, le lieutenant du service de police de Laval. Les cours portaient sur les entrées stratégiques et sur le processus méthodologique d'intervention.

Improvisation totale

L'École nationale de police du Québec (ENPQ) écope d'une partie du blâme de la CSST. Le programme de formation de l'ENPQ est muet quant aux techniques sécuritaires d'ouverture forcée des portes, peut-on lire dans le rapport. Selon M. Bergeron, Valérie Gignac est morte car "elle n'avait jamais été formée sur la méthode sécuritaire d'ouvrir les portes".

"Tous les policiers ont dit devoir forcer à l'occasion l'ouverture des portes dans le cadre de leur travail. Chacun le fait à sa façon", constate M. Bergeron. Étant donné qu'il n'y a pas de méthode préétablie, c'est l'improvisation totale."

L'ENPQ a réagi par l'intermédiaire de son porte-parole, Andrée Doré. "Nous avons reçu le rapport de la CSST, nous allons étudier les recommandations, a-t-elle dit. Notre programme est très bien, mais il est perfectible. On essaie toujours de l'améliorer."