Vincent Raphaël Duval, ce Belge de 32 ans qui était venu rejoindre son amie de c'ur de 13 ans à Montréal en juin, passera les 20 prochains mois derrière les barreaux, sans possibilité de sursis.

La sentence est tombée hier midi, au palais de justice de Montréal. Duval avait plaidé coupable le 3 juillet à six chefs d'accusation, dont ceux d'avoir leurré une mineure, d'avoir touché une partie du corps de l'adolescente à des fins sexuelles et de l'avoir incitée à en faire autant.

Il purgera sa peine au Canada comme prévu et sera extradé par la suite, a indiqué son avocat, Me Daniel Lighter. Il serait «peu probable» que la cause soit portée en appel.

La Couronne demandait une sentence exemplaire de cinq ans d'emprisonnement. La défense espérait obtenir de 12 à 18 mois.

«Nous sommes satisfaits du jugement, a déclaré Me Lighter. Le juge a reconnu que ce n'était pas un dossier classique de pédophilie. C'est une histoire d'amour, même si c'est incontestablement inapproprié.»

La procureure de la Couronne Nathalie Fafard n'a pas commenté la sentence.

Vincent Duval n'a pas bronché lorsque le juge Bonin a prononcé sa sentence.

Le juge Jean-Pierre Bonin souligne dans son jugement que cette histoire diffère des autres cas de pédophilie. «Généralement, il s'agit de pédophiles qui profitent de l'Internet pour entrer en contact avec des jeunes filles dans un but strictement sexuel, a-t-il dit. Or, dans les 3000 courriels que se sont échangés Duval et sa victime, on ne trouve aucune trace du langage sexuel qui caractérise ce genre d'affaire.»

Duval a nié être un pédophile lors de sa comparution au début du mois. «C'est parce que je l'aime», a-t-il plaidé afin d'expliquer ce qui l'a poussé à traverser l'Atlantique sans acheter un billet de retour, puis à passer la nuit du 14 juin dans un hôtel montréalais avec sa victime.

La jeune fille lui avait fourni l'itinéraire entre l'aéroport Montréal-Trudeau et la résidence de ses parents. Les tourtereaux comptaient ensuite déménager dans une communauté amish de l'Ontario, où ils seraient mieux acceptés, croyaient-ils.

Rencontrée sur un site 18 ans et plus

Au moment de plaider coupable, l'homme a expliqué avoir fait la connaissance de l'adolescente sur un site Internet réservé aux 18 ans et plus. La fille de 13 ans avait alors prétendu en avoir 26.

C'est en voyant le compte de téléphone «astronomique» que la mère de la victime a constaté que la majorité des appels étaient dirigés vers la Belgique. Elle a alors appelé Duval pour lui révéler l'âge véritable de sa fille. À la suite de cette conversation, il a cessé temporairement tout contact avec la mineure.

Mais les communications ont vite repris par courriel. Le 13 juin, l'adolescente laissait une lettre à sa mère l'avisant qu'elle quittait la maison. Duval l'a rejointe à son collège privé.

La mère a immédiatement avisé les policiers, qui ont fait le tour des hôtels et motels de la métropole pour finalement mettre la main au collet de Duval.

Hier après-midi, les parents de Vincent Raphaël Duval attendaient impatiemment des nouvelles du consulat belge à Montréal au sujet de la peine qu'il devrait purger. «Vingt mois de prison, c'est un petit soulagement pour nous, ont-ils expliqué depuis leur domicile de Liège, en Belgique. Vincent risquait une peine beaucoup plus importante. Sa famille et ses amis le soutiennent, car il est clair qu'il n'est pas le seul responsable dans cette affaire, même s'il est le seul à être présent devant le juge.»

Les parents de M. Duval ont reçu des lettres de leur fils depuis sa cellule, dans lesquelles il affirme être bien traité. «C'est difficile de n'avoir que des nouvelles sporadiques de lui. Nous allons réfléchir à un possible voyage au Canada pour aller le voir pendant sa détention.»

Avec la collaboration de Laurence Piret en Belgique