La nouvelle est tombée en pleine nuit, par communiqué de presse. La pire des façons pour la pire des annonces : les 450 travailleurs de l'usine Aléris, à Trois-Rivières, n'ont plus de travail. Les dirigeants de l'entreprise ont mis leur menace à exécution et fermé hier matin leur usine québécoise de laminage d'aluminium. Toute nouvelle production a déjà cessé.

Dans le communiqué diffusé à 1h40, Aléris International, une multinationale dont le siège social se trouve en Ohio, accuse ses employés syndiqués de lui avoir causé des "dommages permanents et irréparables" en refusant de ratifier l'ultime proposition qu'elle leur avait soumise, d'abord le 1er juillet puis le 10 juillet.

Les syndiqués étaient sans contrat de travail depuis le mois de février. La direction et les représentants syndicaux ont négocié pendant plusieurs semaines sans résultat. Puis le ministère du Travail a nommé un conciliateur à la fin de juin. En vain. La direction a décrété un lock-out le 2 juillet.

Devant l'usine, les travailleurs ont appris vers 6h hier matin, de la bouche d'un journaliste, qu'ils venaient de perdre leur emploi.

Oscillant entre la colère et l'incrédulité, ces hommes et ces femmes ont passé la journée devant les portes de l'usine, pancarte à la main. Le président du syndicat local, Daniel Goyette, a même refusé de parler de fermeture pour l'instant : "Nous sommes encore en lock-out. Aucun avis légal ne nous a été signifié." Les employés devaient d'ailleurs reprendre leurs piquets de grève ce matin.

Le ministère de la Sécurité sociale et de l'Emploi ne pouvait pas confirmer, hier, qu'il avait bel et bien reçu l'avis de licenciement que la loi oblige Aléris à émettre. "Mais c'est samedi, personne n'est passé au bureau. Il a probablement été envoyé la nuit dernière, et nous le trouverons certainement lundi matin(demain)", a relevé Alexandre Boucher, attaché de presse du ministre Sam Hamad.

À Québec, on se prépare déjà à mettre en branle des comités d'aide au reclassement des employés licenciés. "Comme les syndiqués, on souhaiterait aussi une relance de l'entreprise. Par contre, il faut penser à la suite des choses", a dit M. Boucher.

Le ministère du Travail a exprimé le même mélange de déception et de résignation : "C'est une décision d'affaires regrettable. Plusieurs approches avaient été faites à Trois-Rivières et aux États-Unis pour essayer de trouver une solution, mais on ne peut pas non plus s'ingérer dans le processus des négociations", a commenté Marisol Schnorr, porte-parole du ministre.