Le présumé ravisseur d'un jeune garçon à Lévis, en début de semaine, est un ancien infirmier auxiliaire congédié de l'hôpital de l'endroit pour avoir détourné des médicaments destinés à des patients en phase terminale.

En 1991, Pierre Defoy avait été accusé de s'être approprié des médicaments dans le cadre de son travail pour assouvir sa dépendance à la drogue. Reconnu coupable, il avait perdu son emploi et renoncé par la suite à son permis d'exercice à titre d'infirmier auxiliaire. Il avait été condamné à deux ans moins un jour de prison en 1992.

Mardi soir, Defoy a été arrêté pour avoir apparemment enlevé un enfant de huit ans, dans le secteur Saint-Romuald, et avoir tenté de le séquestrer dans un immeuble de Québec. Il a été accusé d'enlèvement et de séquestration. Il est passible de la prison à vie.

Le directeur des ressources humaines à l'Hôtel-Dieu de Lévis, Réjean Boutin, s'est rappelé, jeudi, du passé d'infirmier auxiliaire de l'accusé.

«Nous avions des doutes depuis un bout de temps sur le fait qu'il prenait des médicaments. Nous avons fait une surveillance interne et porté plainte à la police. Il a été reconnu coupable et congédié sans que cela pose de problème.»

En voyant la photo du prévenu en manchette des journaux de jeudi, plusieurs employés de l'Hôtel-Dieu ont reconnu leur ex-collègue qui a été 13 ans à l'emploi de ce centre hospitalier.

Entre décembre 1990 et février 1991, Defoy avait par un «stratagème très complexe» soutiré le contenu de plusieurs ampoules de Démérol et de Dilaudid (de la morphine) à l'aide d'une seringue, pour les remplacer par un autre produit.

Le juge André Carrier avait statué, en 1992, que le fait que les médicaments trafiqués étaient destinés à des patients en phase terminale ne constituait pas un facteur atténuant.

«Le modus operandi utilisé par l'accusé constitue un facteur aggravant, avait noté le magistrat. Ce n'est pas un geste isolé. Il l'a fait à répétition à une vingtaine de reprises.»

Le juge Carrier soulignait par ailleurs que les gestes posés par l'accusé auraient pu mettre en péril la carrière de médecins et infirmières, sans oublier la réputation de l'hôpital, en raison de cette substitution de médicaments et des mauvaises ordonnances susceptibles d'en découler.

Pour le juge Carrier, le seul facteur atténuant était la volonté de Defoy de consulter un psychiatre pour guérir son problème de toxicomanie engendré par une «période de stress».

Cette cause s'était retrouvée devant le comité de discipline de la Corporation professionnelle des infirmiers et infirmières auxiliaires du Québec en juin 1992. Defoy était absent lors des auditions puisqu'il était en prison.

Deux plaintes avaient été déposées contre lui devant son ordre professionnel pour «avoir commis des actes dérogatoires à l'honneur et à la dignité de la profession».

On y décrit une série de détournements de puissants médicaments comme le Demerol et le Dilaudid. Ainsi, entre le 15 décembre 1990 et le 7 février 1991, «il a manipulé et rendus inutiles, inopérants, inefficaces ou même dangereux des stupéfiants ou drogues contrôlées appartenant à son employeur» peut-on y lire.

Le syndic de l'Ordre, François Brady, a indiqué, jeudi, que Pierre Defoy n'avait pas été sanctionné, compte tenu de son plaidoyer de culpabilité, mais avait cessé de pratiquer sa profession.