Des droits de scolarité trois fois plus élevés, des tarifs d'Hydro qui grimpent en flèche, le bilinguisme à 12 ans et le vote secret dans les syndicats: tel est le modèle de société que proposera à ses membres la Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec au cours de son 26e congrès, à Sherbrooke.

Le président des jeunes libéraux, François Beaudry, a dévoilé hier les résolutions qui seront débattues aujourd'hui et demain, en vue de proposer au gouvernement de Jean Charest de nouvelles idées pour l'avenir du Québec.

Si le thème général du congrès de la Commission-Jeunesse est le travail et les travailleurs, l'éducation et la fiscalité se retrouvent au centre des résolutions controversées des jeunes. Ainsi, les droits de scolarité dans les universités québécoises devraient, selon eux, rejoindre la moyenne canadienne. Pour la plupart des étudiants, cela voudrait dire une facture de 6000$ par année, soit près de 4000$ de plus qu'actuellement.

En 2005, les jeunes libéraux avaient plutôt prôné un dégel responsable des droits de scolarité. Cette fois, les étudiants ne paieraient les droits supplémentaires qu'après être entrés sur le marché du travail et selon leur capacité de rembourser.

«L'étudiant continuerait à débourser la même somme d'argent que maintenant, et une fois qu'il serait capable de payer, cette portion additionnelle serait perçue sous forme d'impôt postuniversitaire», explique François Beaudry. L'accessibilité ne serait ainsi pas touchée, ajoute le jeune leader.

Passablement complexe, le nouveau système engendrerait toutefois un «stress initial» pour le gouvernement, avant que les étudiants devenus travailleurs ne payent leur part.

Les jeunes libéraux proposent aussi une importante réforme fiscale qui privilégierait les taxes à la consommation et l'augmentation des tarifs d'Hydro-Québec pour arriver à réduire les impôts. Le coût, au final, serait nul pour le gouvernement.

Syndicalisme

La Commission-Jeunesse n'hésite pas non plus à remettre en question les pratiques syndicales. «On veut que l'organisation syndicale soit modifiée pour la ramener vers le travailleur. Il est temps de mettre de côté l'approche patronat-syndicat et l'affrontement», soutient M. Beaudry. Les jeunes proposent de faciliter la contestation à l'intérieur d'un syndicat et d'imposer le vote secret.

Par ailleurs, les jeunes libéraux proposent que tous les enfants soient bilingues en sortant de l'école primaire. La moitié de la sixième année enseignée en anglais intensif, ou encore un stage en immersion donnerait à la prochaine génération «un atout d'une très grande importance», croit Julien Gagnon, responsable de la thématique du congrès 2008.

La cheffe du Parti québécois, Pauline Marois, qui avait proposé sensiblement la même chose il y a quelques mois, avait été critiquée de toutes parts.

Pour les jeunes libéraux, le bilinguisme est depuis longtemps une préoccupation importante. En 2000, le congrès avait suggéré l'enseignement de l'anglais dès la première année du primaire, proposition plus tard reprise par le gouvernement Charest.

Le jour de son entrée en poste, l'an dernier, l'actuel président avait même déclaré au Devoir: «On est une province bilingue (...) de plus en plus trilingue et quadrilingue.» Il avait dû par la suite se rétracter, en réitérant que le français est la seule langue officielle du Québec.

Or bleu

Parmi les autres propositions qui seront débattues, il y a l'exportation de l'eau du Québec pour «s'enrichir grâce à l'or bleu», l'instauration du consentement présumé pour les dons d'organes et l'obligation pour les ordres professionnels d'offrir gratuitement un examen de reconnaissance des compétences aux candidats étrangers.

Les propositions adoptées après les débats seront présentées aux instances du Parti libéral. Le premier ministre, présent toute la fin de semaine, prononcera le discours de clôture du congrès, demain.