Omar Khadr ne serait probablement jamais déclaré coupable au Canada, même s'il existait un moyen de l'accuser d'un crime relevant du Code criminel canadien, disent des experts qui prônent son rapatriement.

De telles opinions ne sont pas pour apaiser le débat public opposant ceux qui veulent que l'ex-enfant-soldat soit ramené au Canada, et ceux qui soutiennent qu'il doit faire face à la justice militaire américaine.

Un professeur canadien, Michael Byers, expert en droit international, est l'un de ceux qui veulent que le Torontois de naissance soit libéré de sa prison militaire américaine. M. Byers estime que Khadr, le seul Occidental encore détenu à Guantanamo, pourrait être traduit en justice en vertu de la Loi canadienne sur les crimes de guerre.

D'autres disent que le Canada pourrait employer sa loi antiterroriste pour le poursuivre. Cela ne signifie toutefois pas que Khadr, qui avait 15 ans quand il a été capturé par les forces américaines en Afghanistan, serait condamné - ou même détenu. Le fait qu'il était d'âge mineur pourrait le disculper entièrement, selon le professeur Byers, qui a récemment annoncé son intention d'être candidat pour le Nouveau Parti démocratique fédéral dans la circonscription de Vancouver-Centre.

Le premier ministre canadien Stephen Harper refuse d'intervenir dans le cas d'Omar Khadr. Selon lui, le Canada n'a «pas vraiment d'autre choix» que de respecter les procédures du tribunal militaire américain contre Khadr.

Khadr, né à Toronto, a été capturé à la suite d'une fusillade en Afghanistan en 2002. Il est accusé d'avoir lancé la grenade qui a tué un soldat américain, et d'appui au terrorisme.

Ses avocats ont fait valoir en cour d'appel fédérale américaine qu'il est incarcéré illégalement, mais des avocats du gouvernement américain soutiennent que les militaires américains ont le droit de le détenir.

Selon ceux qui prônent sa libération, Khadr devrait subir un procès devant un tribunal ordinaire et être traité comme un enfant-soldat. Plusieurs disent qu'il devrait être traduit en justice au Canada.

Mais son cas est unique, soutient Michael Newton, professeur de droit aux Etats-Unis. Selon lui, les Canadiens ne considéreraient probablement pas Khadr comme ayant commis un crime de guerre en vertu de la Loi canadienne sur les crimes de guerre, a-t-il déclaré récemment en entrevue à CBC.

En revanche, pour Ajmal Pashtoonvar, de l'Université d'Ottawa, auteur d'un rapport de recherche juridique, Khadr pourrait subir un procès en vertu des lois antiterroristes canadiennes. Lui aussi pense cependant que Khadr pourrait ne jamais être condamné.

Les procureurs canadiens devraient tenir compte du fait que les déclarations de Khadr pourraient être inadmissibles en cour à cause d'allégations selon lesquelles il aurait été victime de mauvais traitements avant d'être interrogé.