Choqués mais néanmoins décidés à continuer de profiter de Berlin, les touristes arpentaient discrètement la capitale allemande mardi, au lendemain de l'attentat meurtrier sur un marché de Noël, qui risque de peser sur l'attrait de la ville.

De chaque côté de la Porte de Brandebourg, les drapeaux des ambassades adjacentes sont en berne, mais sur la place qui lui fait face, les bras se tendent toujours pour se prendre en photo devant le monument emblématique de Berlin.

Neil Thomas et David While devaient se rendre dans le centre-ville dès leur arrivée lundi après-midi.

Un retard d'avion a changé leur plan. «Nous avons été vraiment chanceux. Mais cela ne nous a pas empêché de venir aujourd'hui. (...) Nous ne pouvons pas arrêter d'aller à certains endroits, sinon ce sont eux (les terroristes) qui ont gagné», estime David While, londonien de 52 ans.

«Je pense qu'à un certain moment, on s'habitue simplement», ajoute Neil Thomas, un professeur de musique de 53 ans.

Bravant le froid mordant, Lili Jiang, une étudiante chinoise de 23 ans, a elle aussi l'intention d'aller comme prévu arpenter les marchés de Noël une fois qu'elle aura fini de faire des photos avec ses parents devant la Porte de Brandebourg.

«Nous avons été assez choqués, car nous ne pensions pas que cela se produirait à Berlin. Nous avons choisi Berlin comme destination spécialement pour ses marchés de Noël», explique la jeune femme, tentant de se persuader qu'il «n'y a peut-être pas tant à s'inquiéter que cela».

Barrières et patrouilles

En effet, la police berlinoise a décidé de déployer des barrières métalliques et une présence renforcée de policiers armés. Des mesures déjà visibles sur la place de Gendarmenmarkt, avec fouille des sacs à l'entrée et patrouilles dans chaque allée.

«On aurait pu fermer par solidarité, mais d'un autre côté, c'est exactement le but des terroristes, que tout soit paralysé et que tout le monde ait peur», considère Gesine, fumant une cigarette en attendant que des clients viennent lui acheter du vin chaud. Mais «il y a bien moins de monde aujourd'hui», reconnaît-elle.

Alexander, Berlinois de 37 ans, lui ne s'est pas demandé une seconde s'il devait annuler son déjeuner avec ses deux amis. «On ne doit pas oublier la gravité de ce qu'il s'est passé, mais d'un autre côté, j'ai bien plus de risque de me faire écraser par une voiture que quelque chose m'arrive sur un marché de Noël», assure-t-il.

Un avis partagé par Sylvie, une Française venue avec sa famille visiter le marché de Francfort, l'un des trois plus gros du pays, avec son fils Martial, 23 ans. «On n'y pense pas, sinon on ne sort plus».

Selon la fédération des exposants DSB, l'Allemagne était animée déjà en 2013 par presque 1500 marchés de Noël, attirant des dizaines de millions de visiteurs. Pour les professionnels du tourisme, les conséquences de l'attentat sur l'activité touristique de ne sont pas encore mesurables.

À quelques jours des fêtes de fin d'année, pas de vague d'annulation des réservations d'hôtels, quasiment au complet, n'était observée pour le moment, selon Burkhard Kieker, responsable de l'Office de tourisme visitBerlin. Mais «je ne pense pas que nous aurons ce soir la même ambiance qu'hier», anticipe Thomas Feda, organisateur du marché de Noël de Francfort.

«C'est un événement qui, dans cette ampleur et sous cette forme, nous frappe en Allemagne pour la première fois et pour le moment nous ne pouvons pas encore en prendre la mesure», reconnaît une porte-parole de la fédération allemande du tourisme DTV.

La capitale allemande a décidé de maintenir les célébrations du Jour de l'An, avec le feu d'artifice tiré devant la Porte de Brandebourg.

Mais Liza Meyer s'attend elle à y voir moins de monde. «Les gens vont réfléchir, craint la vendeuse de saucisses grillées.