Il y a l'apparence, la légèreté, la grandeur, le prix... Les campeurs qui se mettent à la recherche d'une tente ont l'embarras du choix lorsqu'ils entrent dans un magasin. Qu'est-ce qui a changé au rayon des tentes? Comment choisir la bonne? Quelques outils à l'approche de l'été.

Pour les campeurs, magasiner une tente peut être aussi excitant que de magasiner une maison. Ce qui n'est en apparence qu'une simple toile devient vite essentiel quand le vent se lève ou qu'une pluie diluvienne se met de la partie. Qui veut vraiment interrompre ses vacances et tout remballer parce que la maison a pris l'eau?

Des gens qui reviennent au magasin après avoir choisi un modèle peu adapté à leurs besoins, Philippe Radermaker, assistant gérant du magasin SAIL à Québec, en a vu.

«Si on s'achète une tente pour aller voir un show rock et qu'on ne l'utilise plus jamais, payer 100 $, ça va. Mais au Québec, la météo est particulière. Il se peut qu'on campe quatre jours sous la pluie. Si je suis une semaine sur un site de camping et que je n'investis pas, je n'aimerai pas le camping. On risque de revenir en disant "la tente, c'est de la cochonnerie, je suis parti à trois heures du matin parce que l'eau entrait''», dit-il.

Faire des tentes qui résisteront aux usages et intempéries, voilà le métier de James Brittain, designer d'équipement pour la coopérative MEC. Joint au téléphone en Asie où il s'apprêtait à voir pour la première fois «en vrai» les nouvelles tentes qu'il avait conçues, il décrit ce qu'est, selon lui, un bon design de tente.

«L'une des choses que je cherche, c'est l'habitabilité. Quel espace a-t-on quand on est à l'intérieur de la tente? Quand je dessine des tentes familiales, par exemple, je pense à l'organisation du sommeil. Qui dort où? Y a-t-il de l'intimité pour les adultes et les enfants dans la même tente?»

La qualité des matériaux figure également au nombre des considérations du designer. «Le tissu, les piquets, les poteaux, tout ça est important», dit-il.

Ceux qui retournent magasiner une tente après plusieurs années constateront que les matériaux utilisés pour les fabriquer ont beaucoup évolué.

«Les vieilles armatures en acier, ça n'existe presque plus, dit Philippe Radermaker. Après, il y a eu la fibre de verre. Quand le poteau cassait, c'était comme une branche d'arbre et ça déchirait la toile. C'était aussi très lourd et mou au vent. La plupart des poteaux sont maintenant en aluminium. Les fabricants sont capables de solidifier les sections plus à risque d'être exposées au vent, c'est plus mince au centre pour que le poteau soit flexible.»

Avant, on présumait que plus une tente était robuste, meilleure elle était, dit James Brittain. «Maintenant, on peut avoir une tente ultra légère, qui se range de manière très compacte et qui est tout aussi bonne.»

Pas besoin d'un complexe plan technique pour monter une tente. On ne joue plus à démêler les pôles pendant des heures, ceux-ci étant désormais liés entre eux par un long élastique. Certains modèles de tente facilitent encore davantage la vie des campeurs, explique Philippe Radermaker. «Il y a des compagnies qui associent les poteaux avec une couleur. Si j'ai une gaine bleue, le poteau est bleu. L'attache du double toit est bleue. Alors quelqu'un qui trouve que c'est long, monter une tente, n'a qu'à suivre les couleurs. C'est une innovation intelligente pour donner une aisance aux gens.»

Quant à la forme de la tente, le designer de MEC reconnaît en riant qu'il est difficile de réinventer la roue. «On essaie toujours de créer de nouvelles choses, mais on ne fera pas de nouveau juste pour faire du nouveau. Il y a des designs qui sont sur le marché depuis 15 ou 20 ans et qui marchent encore très bien», dit James Brittain.

Il est particulièrement fier de voir dans les campings la tente Lodge 4+4, qu'il a créée et qui est toujours commercialisée. «Elle a été construite pour fournir un abri abordable et de grande qualité, qui donne de l'intimité aux adultes et aux enfants. Je la vois partout dans les campings de la Colombie-Britannique quand je voyage. Il n'y a rien de plus satisfaisant que de voir ses propres designs dans la nature.»

Photo fournie par MEC

Comme bien d'autres, la compagnie Burton commence à donner davantage de vie à ses tentes en imprimant des motifs divers sur la toile.

La tente en trois questions

Le prix

Plus le prix augmente, plus grandes sont les probabilités que les attributs techniques d'une tente soient évolués. «La tente sera sans doute plus légère, plus solide et il y aura eu davantage de recherche et de développement investi dans sa conception», dit Claude Roussin, acheteur pour le groupe FGL Sports, qui détient les magasins Atmosphère et Sports Experts. Pour une tente de deux places, on peut s'attendre à payer entre 200 et 300 $, dit-il. Entre 300 et 400 $ devront être déboursés pour une tente quatre places. «Dans les tentes familiales, il y a davantage de variations. Mais pour une marque reconnue, on peut s'attendre à payer au moins 500 $.»

La durée de vie

D'abord, il faut éviter les trop longues expositions au soleil. «Le soleil brûle tout, dit Philippe Radermaker, assistant gérant du magasin SAIL à Québec. Si on laisse la tente trop longtemps au soleil, il va endommager très rapidement la toile, qui va décolorer. Quand ça arrive, ça veut dire que ça brûle la toile.» Il recommande également de mettre une bâche entre le sol et la tente. «Ça prévient l'abrasion au sol, les bris par les roches ou la gomme de sapin, par exemple. Ça vient créer une double barrière et prévenir la condensation», dit Philippe Radermaker, qui précise que plusieurs entreprises vendent des toiles de sol adaptées à leurs modèles de tente.

L'entretien

Tout dépend de l'utilisation qu'on en fait, du soin qu'on y apporte. «Ça dure très longtemps, dit Claude Roussin. Quelqu'un qui fait une utilisation régulière de sa tente et qui l'entretient bien, il n'est pas impensable qu'il puisse la garder dix ans.»