Six avions d'Air France sur 10 sur le tarmac, idem pour mercredi: la grève très suivie des pilotes semble partie pour durer, malgré les tentatives de la direction de rassurer sur le projet de développement de sa filiale à bas coût Transavia.

Après avoir assuré moins de 50% des vols lundi, le groupe a annoncé qu'environ 40% de ses avions décolleraient mardi et que le chiffre serait similaire mercredi.

«Nous prévoyons d'assurer au moins 40% des vols comme aujourd'hui, avec un taux de grévistes qui est stable, de 60%», a déclaré Catherine Jude, directrice opérationnelle de la compagnie.

Les dirigeants du groupe se sont longuement entretenus lundi soir avec ceux du syndicat majoritaire (SNPL AF Alpa), à l'origine d'un appel à la grève reconductible jusqu'au 22 septembre.

Il n'y a «pas encore» de sortie de crise en vue, mais «on continue à négocier. On a fait des propositions», a déclaré mardi matin Frédéric Gagey, PDG de la compagnie.

Pour rassurer les pilotes, M. Gagey a proposé d'augmenter la flotte de Transavia France à 30 avions, au lieu des 37 prévus, précisant que cette limitation serait valide jusqu'en 2019.

Une proposition qui a aussitôt été rejetée par le SNPL pour qui elle reviendrait à «accélérer le développement» de la low cost en Europe.

Augmenter à 30 avions d'ici à 2019 la flotte de Transavia France, au lieu de 37, comme le propose la direction d'Air France, «va clairement dans la mauvaise direction», a déclaré à l'AFP Jean-Louis Barber, président du SNPL AF Alpa. «Plus on limitera le développement de Transavia France, plus on accélèrera celui de Transavia Europe avec ses contrats sociaux moins-disants et son dumping social».

Le SNPL craint que les projets de développement de Transavia, tant en France qu'en Europe, n'ouvrent la voie à un «pillage de l'emploi français», alors qu'un plan de départs volontaires a été ouvert en août pour 200 des 3760 pilotes d'Air France.

Pour reconquérir les lignes concurrencées par les compagnies low cost (Ryanair, easyJet), le groupe souhaite aussi ouvrir de nouvelles bases en Europe dès 2015, avec des pilotes sous contrat local.

Grève «hors de propos»

Le PDG d'Air France, Frédéric Gagey, rejette la principale revendication des syndicats de réserver aux pilotes d'Air France les avions de plus de 100/110 places, quelle que soit la compagnie du groupe (Air France, Transavia, Hop!): «C'est non, car le contrat Air France est plus coûteux que le contrat de Transavia».

Selon une source interne d'Air France, le coût horaire des pilotes est 40% plus élevé chez Air France que chez Transavia, avec un salaire brut annuel des pilotes oscillant entre 75 000 et 250 000 euros selon le grade, l'ancienneté et l'affectation chez Air France, contre 87 000 à 180 000 euros chez Transavia.

La grève entamée lundi est massivement suivie (60% selon la direction, 75% selon le SNPL). Outre le SNPL, le Spaf (deuxième syndicat) a appelé au mouvement jusqu'au 20 et Alter (non représentatif) jusqu'au 18.

Malgré les nombreuses annulations, le calme régnait en début de matinée dans les aéroports parisiens d'Orly et de Roissy, comme la veille.

À Toulouse (sud-ouest), presque tous les vols Air France étaient annulés dans la matinée, comme à Lille (nord), alors qu'à Nice et Marseille (sud), le taux d'annulation grimpait à 90%.

Un mouvement d'une semaine serait le plus long conflit mené par des pilotes d'Air France (groupe Air France-KLM) depuis 1998.

La direction évalue son coût de «10 à 15 millions» d'euros par jour.